La « meute » de la BAC de nuit de Nancy n’a pas fini de faire parler d’elle : condamnés en première instance à de la prison avec sursis pour avoir harcelé des collègues, sept policiers de la brigade anticriminalité sont rejugés en appel à partir de ce lundi.
En première instance, le tribunal correctionnel avait prononcé des peines de 6 à 18 mois d’emprisonnement avec sursis et des interdictions d’exercer le métier de policier pour les sept agents, dont une définitive pour celui décrit comme le meneur du groupe, dans ce procès singulier de policiers contre policiers.
« Mes clients ne sont pas ravis de revenir une nouvelle fois sur ces faits douloureux », a confié Me Frédéric Berna, avocat des parties civiles, à la veille du nouveau procès qui doit durer jusqu’à vendredi.
Au terme d’une enquête menée en 2018 par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), neuf policiers de la BAC de nuit de Nancy avaient été renvoyés devant la justice pour harcèlement moral au travail et injures raciales non publiques envers quatre de leurs collègues. Un dernier était accusé d’avoir porté atteinte au secret des correspondances.
« Machine à exclure qui broie une femme et trois hommes »
Le rapport de l’IGPN révélait un « système de harcèlement » organisé et le « racisme décomplexé » qui régnait depuis de nombreuses années au sein de ce service où un petit groupe de policiers fonctionnait selon « une logique de meute » au sein du commissariat. « Ni bougnoule ni gonzesse » était leur mot d’ordre informel s’agissant du recrutement de nouveaux agents.
Devant le tribunal, le parquet avait évoqué un « harcèlement collectif » de la part des prévenus et qualifié leur comportement de « machine à exclure qui broie une femme et trois hommes ». Leurs manœuvres n’avaient qu’un but : une pression psychologique permanente sur les collègues indésirables pour les pousser à quitter la brigade.
Les messages étaient pour beaucoup échangés dans des conversations Messenger. Certains écrits sur le coup de la « colère », selon un des prévenus. « Des bêtises », de la « stupidité », s’étaient défendus les autres, niant toute volonté de nuire.
Leurs quatre collègues victimes avaient raconté leur « calvaire ». L’un d’eux avait évoqué sa « stigmatisation » en raison de ses origines maghrébines. La seule femme victime et quatrième plaignante avait évoqué « l’omerta » qui frappait le service, déclarant : « Dommage que personne, même la hiérarchie, n’ait tapé du poing sur la table ».
Trois des dix prévenus avaient été relaxés à l’issue du premier procès.