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Menaces, injures, outrage : Ben coche toutes les cases pour le parquet


Ben Schromen, en janvier 2022, lors d’une manifestation contre les mesures sanitaires mises en place lors de la pandémie de covid.

Ben Schronen collectionne les comparutions au tribunal et les causes de mécontentement. Impulsif et sans filtre, il dit ce qu’il pense, s’insurge, dérape sans demi-mesure et va trop loin.

Ben Schronen ou Mich Treis, comme il veut désormais être appelé, vit en quasi-autarcie dans le nord du pays, des fruits de l’héritage familial, préférant s’isoler d’une société qui ne le comprend pas et qu’il ne comprend plus.

De temps en temps, celui qui a été un des organisateurs et des porte-paroles des opposants aux mesures sanitaires lors de la pandémie, refait surface au gré de ses publications sur les réseaux sociaux ou de ses apparitions dans la rubrique faits divers des journaux.

Théories du complot, incitation à la haine, menaces et injures, réactions violentes, confrontations musclées avec les policiers… ce fan du Borussia Dortmund accumule les incivilités et les provocations.

Hier après-midi, le jeune homme de 34 ans comparaissait face à la 13e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg pour quatre faits d’incitation à la haine, de menaces, d’outrage à agent de police et d’injures.

La présidente a procédé chronologiquement. Le 7 décembre 2022 au matin, le prévenu a partagé une vidéo au contenu antisémite «minimisant l’Holocauste» sur une de ses pages Facebook. «Je ne sais pas ce qu’on me reproche. Je n’ai jamais regardé la vidéo à ce jour», annonce-t-il en haussant les épaules, penaud. «Je ne suis pas antisémite.»

Ben Schronen se défend également d’être homophobe. Il n’a pourtant pas apprécié la démarche de Tatta Tom au point de lui envoyer un e-mail et de le menacer de lui casser la figure s’il venait raconter «ses histoires de fou» dans la classe de sa fille, cite la présidente.

«Dans le deuxième paragraphe, je précise qu’il ne s’agit pas de menaces», tente-t-il de se dépêtrer. Et de s’expliquer : «Je ne veux pas qu’on dise à ma fille qu’on peut devenir ce qu’on veut et je ne supporte pas qu’on dévalorise les femmes en faisant croire qu’il suffit de trois heures de maquillage pour en devenir une. Quand je vois les mendiants partout en ville, je ne peux pas faire croire à ma fille qu’on peut devenir ce qu’on veut.»

Il semble être passé totalement à côté du message délivré par le travesti. «J’ai créé le personnage de Tatta Tom pour parler de tolérance et de la diversité aux enfants», a précisé Tom à la barre hier. «J’ai dû digérer ce mail. (…) Je me suis demandé si je devais être sur mes gardes quand je sortais de chez moi.»

Ben s’oppose formellement au concept de Tatta Tom qui reflète une méthode d’enseignement qu’il a du mal à saisir. L’école est, selon lui, là pour enseigner aux enfants, les parents pour les éduquer. «Pas des étrangers qui viennent leur raconter.»

«Torturé sur la place publique»

Le prévenu apparaît face à la 13e chambre correctionnelle comme une victime incomprise d’un système qu’il rejette. Symbole de ce système, les politiciens et les policiers que le jeune homme ne porte pas non plus dans son cœur. Il n’hésite pas à insulter les uns et les autres.

Le 30 janvier dernier, il s’en est donné à cœur joie à l’encontre de six policiers qui l’ont escorté du commissariat de Dudelange au centre hospitalier d’Esch-sur-Alzette où il devait être examiné par un médecin avant de pouvoir être placé en cellule de dégrisement pour la nuit.

Il leur aurait entre autres souhaité à eux et à leurs familles «de mourir du covid», les aurait traités de pédophiles ou se serait moqué de certaines de leurs particularités physiques.

«Au départ, je n’avais pas saisi pourquoi nous devions l’escorter à trois patrouilles, mais au final, j’étais bien content que nous y soyons allés à plusieurs pour avoir des témoins», s’est souvenu un commissaire qui raconte que Ben avait regretté de ne pas retrouver toutes les insultes proférées ce soir-là dans le procès-verbal de la police.

À nouveau confronté aux faits, le prévenu a eu du mal à trouver une parade et a tenté d’embrouiller le tribunal au point de frôler une nouvelle fois l’outrage à agent.

Entre lui et les policiers, ce n’est pas le grand amour. Quelques jours plus tard, il les aurait traités de cons et de fils de péripatéticienne sur un réseau social après avoir été embarqué au commissariat. Il prétendait s’être fait voler son sac dans un train et accusait les policiers de le traiter comme le coupable alors qu’ils tentaient de le calmer et de lui expliquer pourquoi il devait les suivre. Mais le jeune homme s’était entêté à vouloir rentrer chez lui avec le prochain train.

À la présidente qui essayait de comprendre cette attitude, Ben Schronen a répondu que depuis qu’il avait été «torturé sur la place publique par des policiers» et après que sa plainte a été classée sans suite par le parquet, il n’avait plus trop la foi dans les représentants de l’ordre. Il faisait allusion à son arrestation en état d’ébriété sur le marché de Noël de Bertrange l’année dernière. Un policier lui a, à deux reprises, cogné la tête contre le capot de la camionnette de police.

Pour la représentante du parquet, les infractions reprochées au prévenu sont clairement établies. Après l’avoir brièvement tancé, elle a réclamé une peine de deux ans de prison à son encontre. «Je ne pense pas qu’il mérite un sursis», a-t-elle conclu.

Le prononcé est fixé au 20 décembre.

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