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[Justice] Luxembourg : ils oublient le prévenu en prison…


Lundi, 15h, pas de détenu. Et pas d'escorte policière en vue non plus. «Il y a un problème avec le transport du détenu. Ils l'ont oublié en prison…» (illustration Editpress)

C’est avec une heure de retard que le détenu condamné en première instance pour tentative de meurtre est arrivé à son procès en appel, lundi après-midi.

Un simple regard vers le box des accusés aura suffi pour constater qu’il y avait un problème. Il est 15h. Saido E., actuellement incarcéré à Schrassig et condamné en première instance pour avoir planté quatre coups de couteau de cuisine dans le dos d’un homme dans le quartier de la Gare le 3 décembre 2017, n’est pas là. Et pas d’escorte policière en vue non plus. «Il y a un problème avec le transport du détenu. Ils l’ont oublié en prison…», confirme quelques minutes plus tard le représentant du parquet général. La Cour d’appel doit suspendre l’audience en attendant qu’il arrive. De loin, on perçoit les sirènes hurlantes. Le détenu arrive finalement, comme promis, pour 16h…

L’attente aura été plus longue que la suite. Le trentenaire a en effet fait comprendre qu’il se désistait de son appel. Le parquet général ne s’y est pas opposé. «Je demande la confirmation pure et simple du jugement de première instance», a indiqué son représentant.

Condamné à douze ans de réclusion, dont huit avec sursis, pour tentative de meurtre, Saido E. a décidé avec son avocat Me Mathieu Richard qu’il serait «peut-être mieux de se désister». Les premiers juges avaient certes dépassé les dix ans de réclusion requis par le parquet, mais assorti la plus large partie de la peine d’un sursis. S’ils n’avaient pas retenu la circonstance aggravante de la préméditation, ils avaient toutefois estimé que ni la légitime défense ni l’excuse de la provocation n’étaient valables.

Un coup profond de 6 cm dans la cage thoracique

Se sentant agressé par trois jeunes hommes à la sortie d’un café vers 1h en rentrant chez lui, Saido E. avait récupéré un couteau de cuisine à la maison avant de redescendre dans la rue de Bonnevoie. «Saido E. n’est peut-être pas redescendu dans la rue pour tuer quelqu’un, n’empêche que quand il a enfoncé à quatre reprises le couteau dans le corps de sa victime, il ne faisait l’objet d’aucune attaque violente», avait observé le représentant du ministère public lors du premier procès.

Même si trois des blessures étaient superficielles, la quatrième aurait pu être potentiellement mortelle en cas de complications. «Les coups ont été portés avec une force considérable», avait noté le médecin, citant le coup planté à 6 cm de profondeur dans la cage thoracique. La victime, également alcoolisée lors des faits, avait passé une semaine et demie à l’hôpital. À la barre, l’homme aujourd’hui âgé de 34 ans avait raconté avoir perdu toute sensation dans l’omoplate.

En plaçant Saido E. sous le régime du sursis probatoire pour la durée de cinq ans, les premiers juges lui avaient notamment imposé l’obligation de suivre un traitement psychiatrique ou psychologique et d’indemniser la victime. Afin d’évaluer le préjudice, deux experts ont été nommés. En attendant, la victime s’était aussi vu allouer une provision de 6 000 euros. À cela s’ajoutait une indemnité de procédure de 800 euros. Il faudra voir si la Cour d’appel accepte le désistement. Si tel est le cas, la décision devrait rester comme elle est. Mais la Cour a aussi la possibilité de réformer le jugement après avoir examiné le dossier. Prononcé le 12 février.

Fabienne Armborst

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