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Affaire Kiesch : le procureur général d’État se dit «frustré»


UN mandat d’arrêt européen et un mandat d’arrêt international ont été émis contre le fugitif âgé aujourd’hui de 40 ans.  (Photo : DR)

La justice luxembourgeoise a décidé de contre-attaquer dans l’affaire du fugitif Jean-Marc Sirichai Kiesch, laissé libre par les autorités espagnoles. Le procureur générale d’État, Martine Solovieff, a fait par de sa «frustration» ce mercredi.

La justice grand-ducale n’a pas dit son dernier mot concernant l’affaire Jean-Marc Sirichai Kiesch. L’homme âgé de 40 ans et habitant le sud de l’Espagne est désormais libre. Il a pu reprendre une vie normale à Punta Umbria, en Andalousie, après la décision la justice espagnole de ne pas l’extrader vers le Grand-Duché et de ne pas le mettre en prison pour qu’il purge le reste de sa peine.

Pour rappel, Jean-Marc Sirichai Kiesch avait été condamné au Luxembourg en 2000 à 15 ans de prison ferme pour meurtre et tentative d’incendie. Il était en cavale depuis 2004, depuis qu’il n’avait pas réintégré sa cellule après un congé judiciaire. La justice espagnole a estimé le 10 septembre dernier que les faits étaient trop anciens et que le fugitif avait refait sa vie en Espagne. Le fait que Jean-Marc Sirichai Kiesch ait été mineur au moment de la commission des faits incriminés a aussi pesé dans la balance.

Condamné à rester en Espagne

Mais la justice grand-ducale ne s’est pas résolue à classer le dossier. Elle a émis dans la foulée un mandat d’arrêt européen et un mandat d’arrêt international à l’encontre de Jean-Marc Sirichai Kiesch. Concrètement, cela veut dire que si ce dernier quitte l’Espagne et se fait contrôler par des forces de l’ordre, il risque encore d’être arrêté et pourra alors être extradé au Grand-Duché pour purger le reste de sa peine. «Nous avons émis ce mandat pour s’assurer cette chance si jamais il quitte le sol espagnol», explique Martine Solovieff, le procureur général d’État, interrogée ce mercredi en marge d’une conférence de presse de la ministre de la Justice, Sam Tanson.

Jean-Marc Sirichai Kiesch est donc condamné à rester sur le territoire espagnol s’il ne veut pas risquer de retourner en prison. Une maigre consolation pour la justice luxembourgeoise et la police grand-ducale qui ont recherché pendant plus de 16 ans le fugitif et qui avaient fini par le capturer en Espagne en 2020… avant que le tribunal de Madrid ne le libère et décide de ne plus l’inquiéter.

Le procureur général d’État se dit d’ailleurs «assez frustré» de la tournure prise dans ce dossier. Martine Solovieff évoque même «un jugement pour la galerie» obtenu après une traque longue de 16 ans.

Un dernier espoir ?

A priori, aucun recours contre la décision des juges espagnoles n’est possible. Mais le dossier ne serait pas encore complètement clos. Il a été renvoyé vers la Cour d’assises espagnole en charge des mineurs. La mise en liberté de Jean-Marc Sirichai Kiesch est motivée par le fait qu’il n’avait pas encore 18 ans au moment des faits.

«Ce n’est pas encore définitivement terminé. Il faut savoir que la directive cadre sur la reconnaissance mutuelle des peines prévoit une clause de refus si les juridictions ne prévoient pas les mêmes procédures pour mineurs et adultes. Je ne sais cependant pas ce que la justice espagnole va faire», développe Martine Solovieff. En attendant, le nouveau mandat d’arrêt a été lancé.

Contrairement à l’Espagne, le code pénal du Luxembourg permet de condamner des mineurs de plus de 16 ans ou adultes.

L. D. (avec D. M.)

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