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Vol de bijoux à Luxembourg : « Il a souvent évoqué le fait qu’ils étaient pour moi »


"Je n'ai pas volé les bijoux. Je les ai sortis du coffre-fort, car il a souvent évoqué le fait qu'ils étaient pour moi." (Photo LQ / Isabella Finzi)

En 2013, une quadragénaire avait sorti d’un coffre-fort des bijoux conservés par son compagnon. Six ans plus tard, elle était convoquée ce mardi à la barre.

Ce n’est pas une affaire classique de vol de bijoux dans un coffre-fort sur laquelle se penchait la 16e chambre correctionnelle hier matin. Il n’y a eu ni explosif ni détonation. Lorsque la quadragénaire s’est emparée des objets, elle disposait d’une clé et… d’une procuration générale.

Toute l’affaire éclate il y a cinq ans et des poussières lorsque son compagnon, un homme fortuné, décède. À cette époque, celle qui a longtemps aussi été son employée atterrit dans le viseur des autorités. Une grande enquête, entre autres pour abus de faiblesse, est lancée. Elle se soldera toutefois par un non-lieu prononcé par la chambre du conseil. Cette dernière décidera toutefois – contrairement à la demande du parquet – de poursuivre la quadragénaire pour un produit secondaire de cette enquête : un vol de bijoux dans un coffre-fort à Luxembourg le 14 juin 2013, pour lequel il n’y a jamais eu de plainte… C’est dans le cadre de la grande enquête que la curatrice en charge de la succession du défunt avait touché un mot à la police judiciaire de la disparition de certains bijoux. Qui l’avait mise au courant, elle ne s’en souvenait plus hier matin. Toujours est-il qu’elle avait fini par récupérer les bijoux.

Le billet remis à l’hôpital

Au moment de son audition par la police judiciaire, la prévenue, âgée aujourd’hui de 47 ans, n’avait pas contesté avoir pris les bijoux. Et hier, elle a à nouveau réfuté tout vol : «Je n’ai pas volé les bijoux.Je les ai sortis du coffre-fort, car il a souvent évoqué le fait qu’ils étaient pour moi.»

Vu la procuration générale dont elle disposait depuis 2012 dans le cadre de son travail, elle avait eu accès au coffre-fort à l’agence, a conforté la prévenue à la barre. Le fait que son compagnon était d’accord est aussi prouvé par un billet qu’il lui aurait remis début août 2013 alors qu’il était hospitalisé au CHL : «Je lui fais cadeau des bijoux.» «Et qu’est-ce que vous avez fait des bijoux?», demande le président.
– «J’ai ouvert un coffre-fort à mon nom dans une banque pour les y déposer.»

Si la quadragénaire partait du principe que les bijoux étaient pour elle et qu’elle a ouvert le coffre-fort avant qu’il ne le lui autorise par écrit, est-ce suffisant pour retenir la qualification de vol? Pour la défense, la réponse est clairement non : «Quel voleur ouvre un trésor pour s’emparer d’un coffret de bijoux au vu et au su de tout le monde? Quel voleur dit ensuite spontanément au téléphone qu’il a pris les bijoux?», a argué Me Lydie Lorang. Le papier remis début août 2013 montrerait aussi l’intention du défunt. Et le beau-fils du défunt prétendant être l’héréditaire universel des bijoux n’aurait pu produire aucune preuve dans ce dossier. Bref, pour la défense, impossible de prouver une intention frauduleuse de la prévenue. Le doute devrait lui profiter. Et le tribunal n’aurait d’autre choix que de l’acquitter.

«Le tribunal se pose la question de savoir si quelqu’un qui dispose d’une procuration générale peut voler des effets personnels appartenant au mandataire», a fini par intervenir le président avant que le parquetier ne prenne la parole. Le parquet ne demandera finalement pas de peine contre la prévenue : «Au tribunal d’apprécier si elle doit être condamnée ou pas.»

En cours de délibéré, le tribunal risque toutefois de se heurter au problème soulevé par le parquet au bout d’une heure de débats. Au dossier ne figure en effet pas la liste des bijoux auxquels la chambre du conseil se réfère dans son ordonnance de renvoi. «On dispose de photos de bijoux, de factures… mais on ne sait pas de quels bijoux exactement on parle ici», s’est permis de commenter le président. «On peut se demander s’il n’y a pas un gros problème de procédure. Difficile de nous prononcer sur quelque chose dont on n’est pas saisi.» Prononcé le 27 juin.

Fabienne Armborst

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