Un rappeur de 16 ans, dont le clip montrant un point de deal à Grenoble serait lié à des vidéos qui ont provoqué la colère des autorités, a été placé mercredi en garde à vue.
Le préfet de l’Isère a annoncé à la presse que le jeune homme avait été interpellé mercredi matin.
Ce chanteur répondant au nom d’artiste de Corbak Hood avait assuré la veille à France 3 que ces images n’étaient qu’une « mise en scène », niant tout lien entre son clip et le trafic de drogue qui gangrène le quartier Mistral, où il ne réside pas.
L’adolescent « a été placé en garde à vue par les policiers de l’antenne de police judiciaire de Grenoble vers 8h30 pour provocation à l’usage ou au trafic de stupéfiants, (…) à l’usage de substances présentées comme douées d’effets stupéfiants ; provocation, non suivie d’effets, au crime ou au délit par parole, port prohibé d’armes, injures publiques envers une personne dépositaire de l’autorité publique », a précisé le procureur de la République Éric Vaillant.
Les faits visés ont été commis à Grenoble « entre le 21 août et le 1er septembre », date de diffusion du clip qui reprend les images d’une des deux vidéos ayant provoqué l’ire des autorités, la semaine dernière, et engendré une descente de police à la demande du ministre de l’Intérieur.
Le rappeur dit avoir délibérément fait « fuiter » ces images sur les réseaux sociaux pour faire le « buzz » et assure que les armes montrées dans son clip sont « factices ». Mais l’autre vidéo, filmée de haut et présentant des individus armés et vêtus de gilets pare-balles, n’est pas reprise dans le clip.
Un bureau de la sécurité dans le quartier
« Grenoble c’est chaud c’est chicagre ??? » ?????????c’est pas possible pic.twitter.com/jh2eN8EGSK
— ARRETE DE MDIKAV PELO (@sesee38) September 1, 2020
Dans le même temps mercredi, la Directrice départementale de la Sécurité publique (DDSP) en Isère, Fabienne Lewandowski, a installé un bureau dans le quartier Mistral, dans un local réquisitionné auprès du bailleur social et dûment signalé aux habitants, pour y passer une première matinée.
Si l’idée de permanences « aléatoires » d’un jour ou deux demi-journées par semaine a « mûri pendant le confinement », c’est « l’actualité qui a décidé » du premier quartier de Grenoble où ce dispositif serait mis en place, a dit la responsable à l’AFP.
Cette expérimentation, baptisée « No business », vise à enrayer le trafic de stupéfiants par la présence physique: « ce sont des entreprises criminelles mais aussi commerciales, alors quand on sera là, il n’y aura pas de business et ils perdront de l’argent », assure Mme Lewandowski. Cela vient « à côté du travail quotidien classique, judiciaire et de voie publique ».
Ces permanences qui seront assurées par la DDSP en personne, son adjoint ou des cadres, visent aussi à rappeler que « la maîtrise du territoire n’appartient pas à une poignée qui privatise l’espace public pour des activités délinquantes », a ajouté la patronne de la police iséroise.
AFP