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Il conteste avoir dépouillé le couple d’octogénaires : «Mon ADN n’est pas sur cette dame»


«Si on veut suivre une dame de 80 ans, on n'a pas besoin d'être à trois», s'est exclamé le prévenu Kevin P. jeudi à la barre. (Photo : archives lq/Isabella Finzi)

Trois hommes avaient attaqué un couple d’octogénaires à Senningen en 2015. Deux prévenus ont déjà été condamnés. Le troisième comparaît depuis mercredi. Il conteste haut et fort son implication.

«En venant me défendre devant vous, je n’ai pas beaucoup de chances. Deux personnes ont déjà été condamnées. Elles ont pris sept ans de prison.» Kevin P. (30 ans) est le troisième des prévenus à défiler à la barre. Lui aussi est poursuivi pour avoir participé au vol avec violences sur un couple d’octogénaires à Senningen le 4 juillet 2015. Sauf qu’entre le moment où il a été dénoncé en 2016 et son arrestation, plus de trois ans se sont écoulés. Lorsqu’il a été interpellé près de Metz le 17 juillet 2019, puis extradé au Grand-Duché le 9 septembre 2019, son oncle Ringo P. (51 ans) et Désiré S. (44 ans) avaient tous deux déjà été jugés coupables. Et la décision était passée en force de chose jugée.

Ce sont les deux hommes en compagnie desquels Kevin P. a été aperçu dans le centre commercial City Concorde à Bertrange. Qu’il était avec eux, le trentenaire ne le conteste pas. Ils devaient y rencontrer un ouvrier, dit-il. Mais c’est tout. Il conteste haut et fort avoir délibérément suivi le couple âgé dans la galerie marchande. «Si on veut suivre une dame de 80 ans, on n’a pas besoin d’être à trois personnes», s’est ainsi exclamé le trentenaire à la barre de la 13e chambre criminelle, jeudi après-midi, au deuxième jour de son procès.

«Peut-être j’étais juste aux toilettes»

Avant d’être attaquées à leur domicile, les victimes nées en 1928 et 1930 avaient passé une bonne partie de la matinée et l’heure de midi dans le centre commercial. Et d’après l’enquête qui a décortiqué les images des 70 caméras de vidéosurveillance, le trio a croisé plus d’une fois leur chemin. «Hautement suspecte» : c’est ainsi qu’est considérée la séquence où Kevin P. suit le couple âgé via les escalators jusqu’au parking avant de rebrousser chemin d’un pas accéléré. Son explication face aux juges : «Peut-être j’étais juste aux toilettes.» Problème, à cet endroit, on ne trouve pas de toilettes. Ni de magasin de cigarettes. Il aura eu du mal à convaincre la chambre criminelle.

Les caméras à l’extérieur ont ensuite permis de retracer comment Kevin P. saute à bord d’une Mercedes avant que cette dernière ne fasse demi-tour. «Si on se trouve à 100 mètres de la sortie, pas besoin d’aller voir derrière le bâtiment. Les époux n’auraient-ils pas attiré votre attention?», tentera de creuser la présidente. Kevin P. campera sur sa position : «Pourquoi un couple de 80 ans attirerait l’attention?»

– «Peut-être avec les bijoux que portait Madame?»
Il était peu avant 14 h. Le couple venait juste de rentrer à la maison. Il était en train de décharger ses courses quand les malfrats ont arraché les bijoux d’une valeur de plusieurs milliers d’euros de l’épouse.

Confronté à la vérité judiciaire

Kevin P. déclare qu’en sortant du City Concorde avant de rentrer en France, lui et son oncle ont déposé Désiré S. sur un parking. Impossible donc qu’ils se soient rendus à Senningen. Sauf que cette version ne colle pas avec la vérité judiciaire. «Votre oncle a été condamné pour avoir perpétré les faits. Et deux juridictions ont conclu que Désiré S. était bel et bien sur les lieux à Senningen.» «L’ADN de Désiré S. est sur le t-shirt de l’épouse. Comment expliquez-vous que cela s’est produit si vous l’avez déposé sur un parking?», l’interrogera encore la présidente.

– «Peut-être se sont-ils touchés dans le magasin. Mais ce que je sais, c’est que mon ADN n’est pas sur cette dame.» Et d’insister : «Je portais un t-shirt, des baskets et un short. Si j’avais agressé une personne, il y aurait eu mon ADN.»

– «D’après les témoins, les auteurs portaient des gants.»

Ce matin, on entendra le réquisitoire du parquet. Dans ce dossier, la défense plaide l’acquittement pour cause de doute. «La culpabilité de Kevin P. ne coule pas de source. L’ADN est la royale absente dans ce dossier», a martelé jeudi après-midi Me Roby Schons. L’avocat n’aura pas non plus manqué de rappeler qu’en première instance Ringo P. avait été acquitté. «Acquitté, puis condamné. Ainsi va la balance de la justice, du moins pour Ringo P…»

Fabienne Armborst

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