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France : Nordahl Lelandais et ses mystères devant les Assises


L'accusé encourt trente ans de réclusion criminelle. Le verdict est attendu autour du 12 mai. (photo AFP)

Avant la disparition de Maëlys, il y eut celle d’Arthur Noyer. L’énigmatique Nordahl Lelandais sera jugé à partir de lundi pour le meurtre du jeune militaire, une comparution très attendue tant ce suspect intrigue et déconcerte.

L’ombre de la fillette, dont la mort a suscité beaucoup d’émoi dans l’opinion publique, planera inévitablement sur le palais de justice de Chambéry. Lelandais n’a été soupçonné du meurtre du militaire qu’après sa mise en cause dans la mort de la fillette, et les deux affaires ont été instruites séparément. La cour d’assises de Savoie ne jugera donc l’accusé que pour la mort d’Arthur Noyer, disparu en avril 2017 et dont le crâne fut retrouvé au mois de septembre suivant.

Ce procès de l’ancien maître-chien âgé de 38 ans est très attendu du fait des mystères persistant sur les faits et sa personnalité.  Pendant des mois, il a échappé à tout soupçon, au point de comparaître devant la justice pour une affaire d’usurpation d’insigne d’autorité publique durant l’enquête, en juin 2017, sans être inquiété.

Le procureur de l’époque, Thierry Dran, fait alors face à un homme à la vie sentimentale et professionnelle instable sans se douter qu’il le recherche par ailleurs.

Le dossier « dont on ne doit pas dire le nom »

Quelques mois plus tôt, le magistrat a ouvert une information judiciaire après la disparition d’Arthur Noyer, 23 ans, caporal sans histoires du 13e Bataillon de chasseurs alpins, lors d’une nuit de pleine lune entre le 11 et le 12 avril.

Rien, alors, ne laissait présager que Nordahl Lelandais serait mis en examen pour son assassinat huit mois plus tard. C’est la disparition de la petite Maëlys De Araujo, 8 ans, le 27 août 2017, lors d’un mariage dans la localité de Pont-de-Beauvoisin (Isère), qui donne un coup d’accélérateur à l’instruction.

A l’époque, les enquêteurs disposent de données de bornage téléphonique et ont identifié des titulaires de lignes ayant suivi un chemin similaire à celui d’Arthur Noyer la nuit de sa disparition. Sur des images de vidéosurveillance, ils ont aussi remarqué un véhicule gris rôdant dans le quartier Curial de Chambéry et s’arrêtant à hauteur d’Arthur Noyer en partance vers sa caserne. Celui-ci vient de passer une soirée arrosée, et grimpe, ivre, dans la voiture au conducteur invisible.

Alors que les enquêteurs grenoblois commencent à se pencher sur le véhicule gris de Lelandais dans le cadre de la disparition de la fillette, le lien est fait à Chambéry. Ne reste plus qu’à tirer le fil des indices pour relier les deux dossiers.

Dans la discrétion : alors que l’agitation est forte autour de l’enquête en Isère, le dossier devient à Chambéry celui « dont on ne doit pas dire le nom ».

« Madame la juge, vous êtes assise ? »

Début septembre, des restes d’un crâne sont retrouvés par un randonneur et son chien au col de Marocaz, à une vingtaine de kilomètres de Chambéry. Une magistrate du parquet demande des analyses ADN, les résultats tombent le 18 décembre. Un enquêteur appelle alors l’instruction : « Madame la juge, vous êtes assise ? » L’ADN retrouvé correspond à celui d’Arthur Noyer. Deux jours plus tard, Lelandais est mis en examen.

A la même époque, la gendarmerie et l’institution judiciaire rouvrent, chacune de leur côté, des dossiers non résolus afin de savoir si Lelandais peut être mis en cause. Plus de trois ans après, rien ne semble aller dans ce sens.

Le 29 mars 2018, Nordahl Lelandais admet finalement avoir tué, selon lui accidentellement, Arthur Noyer.
Se qualifiant lui-même d’impulsif et intolérant à la frustration, le suspect raconte qu’il aurait pris en stop le caporal. Au moment de le déposer sur un parking dans l’agglomération chambérienne, pour un motif qui demeure flou, une bagarre aurait éclaté avec le militaire, qui aurait, selon l’accusé, porté au moins le premier coup.

Mais des zones d’ombre persistent sur le déroulement exact de la nuit pour Lelandais, qui dit avoir consommé de la cocaïne avant le crime. Comme dans l’affaire Maëlys, seuls lui et la victime étaient présents au moment des faits.

Poursuivi pour meurtre, l’accusé encourt trente ans de réclusion criminelle. Le verdict est attendu autour du 12 mai.

LQ/AFP

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