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Flashé 15 fois à Merl : le conducteur sans permis finit à la barre du tribunal


Le radar au bout de l’A4 flashe uniquement dans le sens Esch-Luxembourg. À de nombreuses reprises, le quinquagénaire n’avait pas respecté la vitesse de 70 km/h. (Photo : archives lq/Isabella Finzi)

Depuis 2001, António n’a plus le droit de prendre le volant, sauf pour le travail… C’est ce qu’il prétend avoir fait quand il a été flashé par le radar en 2016 et 2017. Le parquet n’est pas d’accord. Il requiert une interdiction de conduire de plus de 30 ans contre le quinquagénaire actuellement à Schrassig.

«Le rond-point Merl semble être un véritable hotspot…» Le dossier est volumineux. Le président tente de se frayer un chemin à travers. «Vous aviez un problème de vue? Une quinzaine de fois vous vous y êtes fait flasher par le radar.»

Le premier excès de vitesse remonte au 25 juillet 2016, le dernier au 12 janvier 2017. Et c’était à toutes les heures de la journée : 5 h 38, 14 h 03, 15 h 32… «Si vous aviez respecté les 70 km/h, on n’en parlerait sans doute pas aujourd’hui. C’est le radar qui a tout entraîné…» À l’époque, António (57 ans) n’avait en effet le droit de prendre le volant que pour se rendre au travail.

«Quelle histoire!», soupire le président en embrayant sur les autres infractions reprochées au quinquagénaire. Au total, on en compte 21. À Schieren également la voiture d’António a été flashée, tout comme par le radar entre Bertrange et Dippach. Une autre fois, il s’est fait pincer en empruntant la voie de sécurité sur l’A6 pour éviter un bouchon… Dans tout cela, la taxe sur le véhicule qu’il avait oublié de payer le 4 août 2016 apparaît comme plutôt anecdotique.

Depuis 2001, António n’a plus le droit de conduire, sauf pour des trajets professionnels. Pour le parquet, c’est là que le bât blesse. Car selon les informations du Centre commun de la sécurité sociale, en 2016 et 2017 il n’était affilié ni comme indépendant ni comme salarié. Difficile donc de justifier un trajet professionnel. Ce qui le conduit devant le tribunal correctionnel.

«J’avais une brasserie à Esch»

«Peut-être se rendait-il chez sa copine», glisse le président. Mais António, lui, prétend haut et fort qu’à chaque fois qu’il s’est fait flasher, il allait travailler. «J’avais une brasserie à Esch.» Son explication pour les excès de vitesse : il aurait tout simplement été «ailleurs dans (s)es pensées». «Je m’excuse. J’étais déboussolé. Ma mère n’allait pas bien…» «Votre vie semble déjà avoir été déboussolée en 1998. Le code de la route ne semble pas vous impressionner plus que cela», constate le président jetant un coup d’œil dans son casier judiciaire. Il est noirci de multiples condamnations. «Je n’ai pas eu d’accident», se défend le quinquagénaire actuellement en détention préventive. À cause d’une des obligations de son contrôle judiciaire qu’il n’a pas respectée, il s’est retrouvé à Schrassig.

Son avocate tente de sauver les meubles en versant les statuts de la fameuse société pour laquelle António dit avoir travaillé comme gérant administratif. À l’entendre, quatre ans après les faits, difficile de rassembler plus de preuves. D’autant plus que la société a été déclarée en faillite début juin 2017. Et le cuistot de la brasserie se trouverait désormais au Portugal… En l’arrêtant plus tôt, les vérifications auraient été plus faciles, estime Me Lynn Frank. Elle plaide «l’acquittement pour cause de doute».

Sept refixations depuis mai 2017

Le parquet n’est pas d’accord. Pour la petite histoire, sa représentante rappelle que l’affaire a une première fois été fixée à l’audience au mois de mai 2017. Depuis, il y a eu sept refixations… Toujours est-il que pour la partie poursuivante, il manque les preuves qu’António a travaillé. «Dans la brasserie, il y a assez de témoins ou collègues qui pourraient l’attester. Mais aucune preuve n’est jamais apportée.»

Qu’il soit passé devant le radar sur la N5 près de Dippach, António le justifie par un rendez-vous chez un notaire à Bascharage. La deuxième fois, il aurait emprunté cet itinéraire pour échapper à un embouteillage sur l’autoroute. Mais toujours pour se rendre au travail. «Tous les chemins mènent à Esch-sur-Alzette…», finira par intervenir le président. Et le trajet dans le Nord capté par le radar de Schieren? Là, c’est sans doute son frère qui avait emprunté sa voiture, déclare le prévenu. «J’ai l’impression qu’il cherche plutôt des excuses», résumera la représentante du parquet. Elle a aussi ses doutes sur l’itinéraire emprunté par le prévenu : «S’il habite au Kirchberg, passer par le rond-point Merl n’est pas le trajet le plus court pour se rendre à Esch.»

«Je penserai toujours à Monsieur devant ce radar!» 

Au vu de cette ribambelle de faits, elle réclamera au final contre le quinquagénaire 9 mois de prison et 21 interdictions de conduire de 18 mois. Quand on fait le calcul, on en arrive à 31,5 ans au total. Pour une éventuelle amende, elle se rapporte à prudence. Lors de l’audience lundi après-midi, le prévenu a fait savoir que les différentes amendes pour les excès de vitesse – quelque milliers d’euros selon ses dires –, il les a d’ores et déjà réglées.

La 7e chambre correctionnelle rendra son jugement le 28 janvier. Mais le président a déjà révélé une chose: «Je penserai toujours à Monsieur quand je passerai devant ce radar à Merl!»

Fabienne Armborst

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