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Ferme braquée à Berg : douze ans de prison ferme


Avant de s’enfuir, les braqueurs avaient scotché leur victime sur un fauteuil. (illustration DR)

Le trio avait brutalement agressé et ligoté un quinquagénaire dans sa ferme à Berg en 2014 avant de s’enfuir avec des bijoux et quelques centaines d’euros.

Ils l’avaient roué de coups. Ils lui avaient collé du ruban adhésif sur la bouche et attaché les bras et les pieds avant de s’enfuir avec des bijoux et quelques centaines d’euros. Mercredi après-midi, Florin S. (42 ans), Mihail M. (37 ans) et Zoltan G. (23 ans) ont tous les trois été condamnés à la peine de réclusion ferme de douze ans.

Si le trio reconnaissait avoir braqué la ferme dans la nuit du 21 au 22 avril 2014, les versions livrées à la barre divergeaient fortement. À tour de rôle, les trois prévenus avaient tenté, tant bien que mal, de sauver leur peau. Zoltan G. et Mihail M. avaient ainsi prétendu qu’ils s’étaient rendus en voiture à Berg, Florin S., lui, parlait d’un voyage en train. Mais quant à savoir qui avait roué de coups la victime au moyen d’une barre de fer et l’avait ligotée, là, cela se compliquait. Personne ne voulait en effet endosser ces méfaits. Tous les trois se renvoyaient la balle.

Dans son réquisitoire, le parquet s’était basé sur les déclarations constantes de la victime. Contre Zoltan G., le «meneur» supposé du trio, il avait ainsi requis 15 ans de réclusion. Contre ses deux «complices», Mihail M. et Florin S., il demandait respectivement 12 ans et jusqu’à 17 ans de prison. Au final, la 9e chambre criminelle n’a pas suivi ces réquisitions. Tous écopent donc de la même peine.

«La viande se trouvait dans le congélateur»

«Je me trouvais devant mon ordinateur. Quand, tout à coup, j’ai entendu mon chien aboyer comme je ne l’avais jamais entendu. J’ai tout de suite pensé à un cambriolage. Car deux jours avant, on avait abattu un cochon. La viande se trouvait dans le congélateur», avait témoigné la victime, âgée aujourd’hui de 59 ans, lors du procès. En descendant dans la cour de la ferme, le quinquagénaire s’était retrouvé face à trois hommes armés d’une barre de fer : «J’ai essayé de me défendre. Mais je me suis tout de suite retrouvé par terre où on m’a roué de coups.»

Toujours selon le témoignage de la victime, les trois hommes étaient cagoulés. Rapidement, on lui aurait ligoté les mains dans le dos. Plus tard, on l’aurait également menacé avec un couteau en lui demandant où il gardait son argent et son or. Du portefeuille du quinquagénaire, les braqueurs avaient tiré une cinquantaine d’euros avant de s’emparer de la boîte sur l’armoire contenant l’argent destiné à payer des ouvriers. Dans un coffre-fort, ils avaient trouvé un collier en or avec des brillants. Outre la somme d’argent liquide ayant disparu, qui se monte de 200 à 1 000 euros, le butin comportait également une montre de communion, une chevalière en or… et quelques pesos philippins, francs suisses et zlotys polonais. Mais on se trouve bien loin de l’objectif des 100 000 euros d’argent liquide avec lequel l’un des trois hommes aurait alléché ses deux acolytes pour cette expédition à la ferme.

Avant de s’enfuir, les braqueurs avaient scotché leur victime sur un fauteuil. Elle avait réussi à se libérer et à appeler la police. «À notre arrivée, il avait encore du ruban adhésif orange autour du cou et son bras droit était bien enflé», avait raconté l’un des policiers dépêchés à l’époque sur le lieu du crime.

C’est finalement les traces ADN retrouvées sur des morceaux de gants en latex et une bande adhésive sur le lieu du crime qui avaient permis d’identifier deux des hommes. Pour le prévenu Mihail M., c’était en avril 2015. Ce dernier se trouvait à l’époque déjà en prison à Schrassig. En octobre 2015, c’est Florin S. qui avait été identifié à son tour. Il avait été extradé de Roumanie fin mars 2016. Enfin, le troisième homme, Zoltan G., avait été arrêté début novembre 2016 en Roumanie.

Outre les peines de prison, les trois braqueurs ont été condamnés à verser 4 000 euros de dommages et intérêts à la victime. Au total, elle réclamait 5 000 euros pour le préjudice moral.

Toutes les parties ont désormais 40 jours pour interjeter appel.

Fabienne Armborst