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Pédopornographie : « C’était comme une drogue »


«Je pense que c'est devenu une addiction. J'étais conscient que je faisais quelque chose d'illégal», a expliqué le prévenu de 33 ans, à la barre de la 7e chambre correctionnelle. (illustration Fabienne Armborst)

Le trentenaire avait détenu et diffusé plusieurs milliers d’images avant que les autorités ne débusquent son activité illégale. Mercredi, il a tout avoué.

Près de 4 000 images et quatre films à caractère explicitement pédopornographique avaient été retrouvés lors d’une perquisition chez le trentenaire à Lamadelaine. «Je pense que c’est devenu une addiction. J’étais conscient que je faisais quelque chose d’illégal.» Tout aurait commencé il y a quelques années «par curiosité», a encore expliqué le prévenu de 33 ans, mercredi matin à la barre de la 7e chambre correctionnelle. Plusieurs fois, il aurait arrêté. Mais plusieurs fois, il aurait recommencé aussi. À chaque fois quand il était devenu dépressif, dit-il : «C’était comme une drogue.»

Son activité illégale avait été détectée en septembre 2014 alors qu’il téléchargeait une vidéo pédopornographique sur la bourse d’échanges eMule. C’est le Landeskriminalamt du Bade-Wurtemberg qui avait repéré l’adresse IP luxembourgeoise. Les enquêteurs allemands l’avaient dénoncé à leurs collègues luxembourgeois. Le service protection de la jeunesse de la police judiciaire s’était saisi du dossier. Une perquisition auprès de la Poste avait permis de retracer l’auteur du téléchargement. Il s’était avéré que pour ledit téléchargement il avait profité de la connexion internet de son ancienne propriétaire.

La perquisition avait eu lieu à la nouvelle adresse du trentenaire à Lamadelaine. Les enquêteurs avait découvert plusieurs milliers d’images à caractère pédopornographique sur son ordinateur, son portable et un disque dur. Environ 90% des images représentaient des filles âgées de 9 à 16 ans. Le trentenaire, électricien de métier, s’était montré coopératif. Il avait reconnu avoir téléchargé son matériel pédopornographique dans un premier temps via la plateforme eMule avant de passer par le darknet. Dès le début, il aurait su que ce qu’il faisait était illégal. Mais c’est cette circonstance qui l’aurait intéressé, avait-il expliqué. Il avait parlé d’une «sorte de dopage» pour lui.

Douze mois avec sursis et un traitement requis

À l’expert psychiatre qui l’a examiné, il avait confié être attiré par l’innocence des enfants. Il aurait fait entre trois et quatre séances de visionnage par semaine. Quant aux images trop extrêmes, par exemple où des enfants pleurent, il les aurait effacées. Pour le spécialiste, le trentenaire ne présente pas seulement un comportement pervers. «On peut retenir le diagnostic de la pédophilie, a-t-il conclu sans hésitation, mercredi. Le pronostic n’est pas forcément défavorable, mais la nécessité d’un traitement s’impose.» Jusqu’à présent, le prévenu n’a pas suivi ses conseils d’aller voir un psychiatre ou un psychologue. «Les prix sont au-dessus de mes moyens», a-t-il fait comprendre. À la fin de son audition, il a toutefois exprimé ses regrets pour ce qu’il a fait et annoncé : «Je suis prêt à suivre un traitement et faire des travaux d’intérêt général.»

Le parquet a requis une amende et douze mois de prison assortis d’un sursis probatoire avec l’obligation de suivre un traitement pour sa pédophilie. «Il a un grand intérêt pour ce genre d’images», a constaté son représentant. «Le diagnostic de la pédophilie a été clairement posé.» À la barre, le prévenu avait tenté de faire comprendre qu’il avait fait le maximum pour ne pas partager les fichiers téléchargés. «Par la consultation, il a contribué à la production de pédopornographie. Car sans consommateur, il n’y a pas de production», a rappelé le parquet.

Prononcé le 4 janvier.

Fabienne Armborst

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