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Ex-femme tuée à Esch : prison à vie requise


Le prévenu Jamek M. déclare ne plus se souvenir d'avoir tiré six fois avec son pistolet 9 mm sur son ex-femme. (photo archives police grand-ducale)

Le représentant du parquet n’a pas mâché ses mots mardi après-midi : contre Jamek M., qui a tiré six fois sur son ex-femme, il requiert la réclusion à vie.

« Il a rapatrié son arme au Luxembourg. Il a préparé sa voiture en fabriquant une cache pour avoir son pistolet à portée de main quand il en aurait besoin. Il a constamment observé sa victime… » De l’avis du parquet, Jamek M. (59 ans) a clairement prémédité son acte. Au cours de son réquisitoire, le substitut principal du procureur d’État n’aura pas manqué d’égrener toute une série d’indices montrant que l’intention du quinquagénaire de tuer est née bien avant le 7 janvier 2015.

S’il est vrai qu’au cours du procès, le prévenu n’a pas su décrire ce qui s’est passé dans cette arrière-cour de la rue du Fossé de la Métropole du fer, il n’a pas hésité à se présenter comme victime. Cela n’a pas échappé au représentant du ministère public : «On est là sur la trace de son vrai mobile.» C’est parce que Jamek M. se serait senti humilié après la demande de divorce de sa femme que le plan aurait commencé à naître en lui. Il cite l’image que le quinquagénaire avait exposée le soir des faits, lors de son audition à la police : «Il se sentait comme un chien mis à la porte.»

«C’est la raison pour laquelle il a décidé de mettre fin à cela, de tuer la personne qui est responsable de cette humiliation», poursuit le substitut principal Patrick Konsbrück. Il dégage deux phases dans le plan du quinquagénaire. Dans un premier temps, il y a eu les menaces. Ces petits bouts de papiers sur lesquels il avait écrit qu’il avait notamment l’intention de la couper en morceaux. Et puis avant le drame, il y a cette accalmie de deux mois. C’est le moment où il est passé à la «phase d’exécution», analyse le parquet. «Il observe son ex-femme et attend l’opportunité pour frapper. Le 7 janvier c’est l’exécution d’un plan réfléchi !»

Deux tirs dans le thorax, quatre dans la tête

Rien n’a été laissé à l’improviste ce jour-là, poursuit-il. Le jour du drame, après avoir garé sa voiture dans la rue du Fossé et s’être armé de son pistolet 9 mm, il aurait attendu sa victime. Où exactement, on ne le sait pas, mais lorsque la quadragénaire compte garer sa voiture dans le garage de l’arrière-cour, Jamek M. est bien là.

«Le premier tir passe par la vitre côté conducteur. Après le deuxième tir dans le thorax, son arme s’enraie. Mais il ne se sauve pas. Et puis, il tire encore quatre fois dans la tête de sa victime.» Au moins un tir a été effectué à moins de 30 cm de distance. «C’était une véritable exécution», conclut le représentant du parquet. Quand on agit avec une telle détermination, on a la seule intention de tuer.» Il insiste : «De manière résolue, Jamek M. s’est donc rendu chez sa victime pour la tuer.»

Le parquet ne reconnaît aucune circonstance atténuante à Jamek M. Outre sa condamnation à six mois de prison avec sursis en 2005 pour coups et blessures sur femme, l’absence d’aveux circonstanciés et l’absence de compassion, il soulève son absence d’autocritique totale. «Dans son théâtralisme misérabiliste, il réussit à se présenter dans toutes les situations comme victime», avait, d’ailleurs, retenu l’un des experts psychiatres.

Prononcé le 12 juin

«Il se cache derrière sa présumée amnésie corroborée par aucune expertise», a encore estimé le représentant du parquet avant de requérir pour l’assassinat la réclusion à vie contre Jamek M.

Un certain soulagement était palpable du côté des enfants de la victime. Depuis le début du procès, ils suivent le procès au fond de la salle d’audience. Le 12 juin, ils apprendront à quelle peine la 9e chambre criminelle condamnera finalement leur père.

Fabienne Armborst