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Ex-femme tuée à Esch : la tension monte au procès


Le drame avait eu lieu rue du Fossé, l'arrestation boulevard J.-F. Kennedy à Esch. (Photo d'archives Jean-Claude Ernst).

Le défilé des témoins dans le procès de Jamek M., jugé pour avoir tué son ex-femme le 7 janvier 2015 à Esch, se poursuit. Mercredi, au 3e jour, la tension est montée d’un cran.

Dans la grande salle d’audience du tribunal d’arrondissement, l’ambiance est tendue depuis l’ouverture du procès, lundi. Les enfants et les proches de la victime tuée par balles ont pris place du côté opposé du box de l’accusé au fond de la salle. Quand la sœur a rejoint, mercredi, la barre pour témoigner, elle a fait le grand tour, évitant par là de passer à côté du prévenu.

« Oui, ma sœur avait peur. Plusieurs fois, elle a été chez le docteur. Elle a porté plainte. Elle espérait que la police la protège.» Que la victime avait peur de son ex-mari, cela ne fait aucun doute. Sa sœur l’a répété plusieurs fois, mercredi, au cours de son audition. Lors du drame le 7 janvier 2015, elle se trouvait depuis plusieurs jours en visite chez elle, rue du Fossé à Esch-sur-Alzette.
Plusieurs fois, elles étaient sorties faire du shopping en voiture. Quelquefois, elles étaient rentrées ensemble dans l’arrière-cour où il y avait le garage. «Ma sœur disait que dans la cour il n’y a pas d’éclairage. Quand il faisait noir, elle ne voulait jamais s’y rendre seule, se souvient le témoin. Elle disait aussi avoir peur depuis le divorce, car son mari ne lui avait pas rendu la clé du garage.»

Le jour du drame, il était un peu avant 17 h quand elles sont rentrées. Avec son fils, elle avait déchargé les sacs de courses dans la rue. Sa sœur était ensuite partie garer seule sa voiture. La suite, on la connaît : au moins six fois, Jamek M. a tiré avec son pistolet 9 mm en direction de son ex-épouse.

Les menaces de mort ont fait leur apparition quand la quadragénaire a introduit la demande de divorce. Le cercle familial n’était pas le seul au courant. Une collègue de travail confirme que la victime lui avait parlé de ses problèmes de couple. Elle-même avait été témoin d’une scène où il l’avait menacée. C’était en juin 2014, devant une boulangerie. «Pute, je vais te tuer. Personne ne pourra te sauver», lui aurait lancé Jamek M. à l’époque. «Elle avait peur qu’il la tue», a complété la collègue de travail à la barre des témoins.

Après l’audition des proches de la victime, la 9e chambre criminelle s’est attaquée, mercredi, à l’audition de la famille du prévenu. Elle ne dresse pas le même tableau. «C’était une femme très sympathique, tout comme lui et sa famille. Cela m’étonne qu’une chose pareille soit arrivée.» Jamais il n’aurait assisté à une scène de dispute, assure par ailleurs ce cousin lointain de Jamek M. Le témoin, qui réside en Allemagne à Nuremberg, affirme avoir vu la famille en moyenne une à deux fois par an. Quelques mois avant les faits, Jamek M. l’aurait appelé pour lui demander : «S’il te plaît, peux-tu venir nous aider à réconcilier la famille.»

«À mon avis, c’était un accident»

Le drame, il l’aurait appris via internet. «À mon avis, c’était un accident, remarque le témoin. À l’époque, Jamek n’était pas bien du tout dans sa tête. Je me rappelle des conversations téléphoniques où je ne comprenais que la moitié de ce qu’il disait.»
La défense avait également cité comme témoin le frère jumeau du prévenu. Ce dernier réside toujours en ex-Yougoslavie. «Je ne veux rien dire du Luxembourg, car je ne m’y suis jamais rendu. La femme de Jamek ne voulait pas», a-t-il d’emblée fait comprendre aux juges. «Tout ce que les enfants ont déclaré devant vous n’est pas vrai», a-t-il clamé en demandant que ces derniers soient soumis à un détecteur de mensonge. La présidente est alors intervenue : «Comment savez-vous cela? Vous n’étiez pas chez eux à la maison.» À la question de savoir pourquoi son frère avait tué sa femme, il a répondu : «Je ne sais pas. Mais il aimait beaucoup sa femme.»

«La perpétuité, la perpétuité…»

Enfin, il a tenté de faire comprendre que Jamek M. ne constituait pas le seul problème dans le couple : «Pour une dispute, on a besoin de deux personnes.» «Mais il y a une autre méthode pour trouver une solution que de tuer», l’a sèchement coupé la présidente. Sa réplique : «Pourquoi les enfants n’ont rien fait pour qu’il n’y ait pas de dispute?»
L’atmosphère était crispée. À la fin de l’audience, la tension est montée d’un cran : une altercation verbale dans leur langue maternelle a éclaté entre les deux parties. «La perpétuité, la perpétuité, la perpétuité…», entendait-on notamment du fond de la salle où avaient pris place les enfants.
Les deux parties ont finalement été rappelées à l’ordre par leurs avocats respectifs, Me Pierre Goerens et Me Yves Altwies. La suite des débats vendredi matin.

Fabienne Armborst.

 

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