La jeune Espagnole victime de « la meute » – cinq hommes condamnés pour « abus sexuel » et non pour viol – s’est exprimée publiquement pour la première fois mercredi en appelant dans une lettre les victimes de viols à « ne pas se taire ».
« Racontez-le à un ami, à un parent, à la police, dans un tweet, faites comme vous voulez, mais racontez-le. Ne vous taisez pas, car si vous le faites, vous les laissez gagner », écrit la jeune femme, dont le cas a provoqué des manifestations massives en Espagne depuis deux mois. La missive a été lue en direct par la présentatrice d’une émission télévisée de grande audience de la chaîne Telecinco. « Je vous demande seulement de dénoncer, même si vous pensez qu’on ne va pas vous croire. (…) Vous penserez que vous n’avez pas la force de lutter, mais vous serez surpris par la force que nous avons en tant qu’être humain », ajoute-t-elle.
Fin avril, un tribunal avait scandalisé l’Espagne en écartant la qualification de viol et en ne retenant que celle d’ « abus sexuel » dans son jugement sur l’agression dont avait été victime cette jeune fille, âgée à l’époque de 18 ans, lors des fêtes de la San Fermin à Pampelune en 2016.
Indignation nationale
Les cinq accusés, qui se surnommaient eux-mêmes « la meute », avaient filmé et mis en ligne l’agression. Condamnés à neuf ans de prison chacun, ils ont été remis en liberté sous contrôle judiciaire vendredi, ce qui a amplifié l’indignation et provoqué de nouvelles manifestations.
De nombreuses femmes ont participé à une campagne sur les réseaux sociaux consistant à révéler les abus dont elles ont souffert, sous l’étiquette #cuéntalo (raconte-le). « On ne peut pas plaisanter avec un viol. C’est indécent et il est en notre pouvoir de changer cela. (…) Personnellement, si mon cas a pu remuer la conscience d’une personne ou donner la force de lutter à une autre, j’en suis contente », assure encore la victime, remerciant ceux qui ont cru à son récit.
Les cinq jeunes hommes, dont un garde civil et un ancien militaire, attendent leur procès en appel, le parquet ayant contesté le jugement en première instance, le jugeant trop clément.
Le Quotidien/AFP