Le parquet reproche au quadragénaire de Bissen, entretemps suspendu, d’avoir notamment filmé ses élèves nues lors de plusieurs excursions scolaires.
«Son intention était de filmer les filles, pas de les toucher de manière impudique. Comme il tenait la caméra dans sa main droite, il avait uniquement sa main gauche pour mettre en bonne position les filles pour les filmer.» Ce que l’instituteur de Bissen a fait correspondrait plus à des actes de voyeurisme qu’à un attentat à la pudeur, a estimé Me Jean-Luc Gonner dans sa plaidoirie mercredi après-midi. L’avocat du prévenu a demandé à la chambre criminelle de condamner le quadragénaire uniquement pour la détention et la consultation de matériel pédopornographique et l’atteinte à la vie privée.
Du côté du parquet, un autre son de cloche s’est fait entendre. Par ces actes, l’enseignant, entretemps suspendu, se serait également rendu coupable d’attentats à la pudeur. À part les faits de 2007 (à cause d’un changement législatif), tous les autres faits ne seraient pas prescrits. Le premier substitut Manon Wies a commencé par s’opposer formellement à la demande qu’une nouvelle expertise psychiatrique du prévenu soit faite. «Cela ne changerait rien aux faits que le parquet lui reproche aujourd’hui», a-t-elle insisté. Les faits sont graves, elle l’a répété à plusieurs reprises au cours de son réquisitoire : «Pendant des années, il n’a pas raté une occasion pour produire en cachette son matériel et satisfaire ses propres pulsions. Il a profité de sa fonction d’enseignant pour abuser de la confiance des enfants et de leurs parents.»
«Tendances pédophiles : il doit se faire soigner»
Jusqu’au bout, le prévenu de 42 ans a contesté avoir des tendances pédophiles. «Bien évidemment que sa motivation était sexuelle. Pourquoi aurait-il sinon filmé les parties intimes des enfants en gros plan?», a considéré la représentante du parquet. La ribambelle de photos saisies chez l’instituteur de Bissen lors de la perquisition au printemps 2016 aurait confirmé les déclarations concordantes des jeunes victimes âgées entre 9 et 12 ans.
Pour le parquet, l’enseignant a toujours agi en pleine connaissance de cause. L’explication livrée que c’était son devoir de faire une «inspection des tiques» après les sorties en forêt n’aurait été qu’un prétexte pour une action bien préparée : «Il voulait voir les parties intimes des filles!»
Le fait que l’enseignant était une personne d’autorité devrait être retenu comme circonstance aggravante, a souligné la représentante du parquet avant de requérir douze ans de réclusion contre le prévenu. «Il est clair qu’il doit se faire soigner pour ses tendances pédophiles. Mais cela est difficile s’il ne reconnaît pas qu’il a un problème», a-t-elle soulevé. À la chambre criminelle d’apprécier s’il peut bénéficier d’un éventuel sursis.
Enfin, le parquet demande de prononcer contre le prévenu une interdiction d’exercer une activité professionnelle, bénévole ou sociale impliquant un contact habituel avec des mineurs et une interdiction de tenir école ou d’être employé dans un établissement d’enseignement. Prononcé le 21 février.
Fabienne Armborst