Six affaires, quatre prévenus, trois jugés par défaut. Une septième, pour laquelle l’auteur présumé dit avoir agi par hasard. Voilà le programme de la 9e chambre correctionnelle jeudi.
Des quatre prévenus cités à comparaître jeudi face à la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, seul un était présent. En effet, pendant que les trois autres – Abdelhak, Amine et Mohammed – sont dans la nature, Hakim est incarcéré en préventive à Schrassig. Il n’a donc pas pu échapper à son jugement. Tous sont demandeurs d’asile ou sans-abri. Certains logeaient à l’ancien centre de logopédie à Strassen au moment des faits qui leur sont reprochés. Des vols. Simples. Des vêtements et de l’alcool, principalement. «Pour se réchauffer», dira Hakim.
Les quatre seraient impliqués seuls ou à plusieurs dans six affaires à l’agenda de la 9e chambre correctionnelle. La première concernait Hakim, un trentenaire né en Tunisie, débouté de sa demande d’asile. Il aurait proféré des menaces contre un agent de sécurité. On n’en apprendra pas plus. L’agent, cité comme témoin, ne s’est pas présenté à la barre et l’affaire a dû être remise à une date ultérieure.
Hakim aurait également volé un six-pack de bière dans une station-service à Mersch un soir de février de cette année. Le jeune homme dit avoir pris les boissons et les avoir immédiatement reposées, pris de peur. La représentante du ministère public n’est pas de cet avis. Le vol aurait bien eu lieu. Étant donné qu’Hakim n’a pas d’antécédents judiciaires connus au moment des faits, elle a requis une amende. Hakim n’en serait pas resté là.
En novembre 2020, complètement ivre, il s’est, avec Abdelhak dans le même état, fait prendre alors qu’ils auraient essayé de voler des vêtements et des accessoires au magasin H&M de la Grand-Rue à Luxembourg. Abdelhak était parvenu à quitter les lieux, Hakim a été arrêté au sous-sol du magasin. Il aurait enfilé quatre vestes, un blouson et une casquette desquels il aurait enlevé les antivols. Interrogé sur les faits, Hakim dit ne se souvenir de rien d’autre que du froid qu’il ressentait. La représentante du ministère public a requis une peine de 6 mois de prison.
Son complice, Abdelhak, qui serait sans abri, n’en serait pas à son coup d’essai. À la même période, il est suspecté d’avoir commis trois vols simples et un vol avec violence dans différents supermarchés de la capitale. À chaque fois, il aurait volé de la nourriture, de l’alcool et des vêtements. En aveux, face aux policiers qui l’avaient arrêté au moment du dernier fait, une peine de 15 mois de prison et une amende ont été requises contre lui.
Toujours à la même période, il aurait, avec quatre autres hommes, commis des vols au magasin C&A de l’avenue de la Gare à Luxembourg. Les cinq hommes étaient déjà en fuite à l’arrivée de la police sur les lieux, mais une vendeuse du magasin a croisé deux des hommes, l’un se nommant Amine et l’autre étant décédé depuis, place Wallis alors qu’elle regagnait son domicile. Elle a prévenu la police, qui a interpellé les deux hommes en possession de biens volés. Lors d’une perquisition à l’ancien centre de logopédie où ils séjournaient, la police a pu mettre la main sur d’autres biens volés – des vêtements portant encore leurs étiquettes – ainsi que sur Abdelhak et un autre auteur présumé. Le cinquième larron courrait toujours. La représentante du ministère public a prononcé une peine de 6 mois de prison contre eux. Enfin, Amine aurait volé une veste et un bonnet à Auchan. Hakim sera fixé sur son sort le 14 octobre. Rien n’est moins sûr pour les trois autres.
Une tentative, au hasard
Après les prévenus, ce sont les interprètes qui ont manqué à l’appel et retardé le déroulement des deux affaires suivantes. Dont celle concernant Jonathan, la trentaine, originaire de Reims, qui a tenté de s’introduire au domicile d’Alain à Pétange, le 19 mai dernier, en passant par la porte arrière de la maison. Au hasard, dit-il. Il était au Luxembourg dans l’intention de trouver un emploi et il aurait vu une opportunité en passant devant la maison. Comme le souligne la présidente de la chambre correctionnelle, il avait «l’équipement du parfait petit cambrioleur sur le dos» et un «casier judiciaire gros comme un annuaire téléphonique».
Le trentenaire dit en avoir marre de la prison et vouloir arrêter. Violences domestiques, contrefaçons et usage de chèques contrefaits, vols…, égrène la juge, qui lui conseille «de retrouver le droit chemin». Son avocate souligne que le temps passé en détention préventive couvre déjà la période d’une peine pour une tentative de cambriolage. La représentante du ministère public retient la préméditation et requiert une peine de 12 mois de prison. Prononcé le 21 octobre.
Sophie Kieffer