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Déjà privé de permis jusqu’en 2021, il risque encore 14 ans d’interdiction


Le chauffard ne risque pas de reprendre le volant de sitôt. Son véhicule a été saisi et il dort en prison. (illustration François Aussems)

Alors qu’il était sous le coup d’une interdiction jusqu’en 2021, cela n’a pas gêné le jeune homme de reprendre sa voiture. Son procès a eu lieu jeudi matin. Il ne risque pas de reprendre le volant de sitôt. Son véhicule a été saisi et il dort en prison.

« Je peux seulement mieux faire, quand je sortirai de prison. » Voilà les derniers mots du jeune homme, jeudi matin, à l’audience. Il a 30 ans et déjà plusieurs mentions au compteur : son casier judiciaire s’étire sur près de trois pages ! Et ce n’est pas fini. Il était convoqué à la barre de la 12e chambre correctionnelle pour pas moins de six nouvelles affaires. Son interdiction de conduire jusqu’en 2021 ne l’a en effet pas empêché de reprendre le volant. Plus d’une fois d’ailleurs…

«Le fait que vous ayez ou non un permis, cela ne semble pas vous intéresser», constate le président. C’est son arrestation le 27 décembre 2017 qui a fini par empêcher le jeune homme de poursuivre sa route. Ce jour-là, au volant de sa Seat, il avait embouti une voiture à l’entrée d’un rond-point à Soleuvre. Au moment de remplir le constat, le trentenaire a pris la fuite. La police l’a retrouvé derrière une haie… et découvert qu’il était non seulement privé de permis de conduire depuis juin 2016, mais conduisait également sans assurance valable et sous l’influence de la drogue.

Depuis cet accident qui a fait un blessé, le jeune homme est placé en détention préventive à Schrassig. Un mois plus tôt, il avait déjà atterri dans le viseur des autorités lors d’un simple contrôle de police à Differdange. À l’époque, il roulait déjà sans permis et sans assurance valable. Cette fois-là au volant d’une VW Polo. L’explication du prévenu : «C’était pour aller faire mes courses à la Croix-Rouge.»

Et fin août, il avait apporté sa Seat au garage pour réparation. Insatisfait par le prix, il avait décidé de la récupérer. Toujours sans permis.

«Faut-il qu’il y ait des morts ?»

Le parquet ne reproche pas uniquement la conduite sans permis au prévenu. Il y a encore le vol de l’iPhone 7 d’un employé du garage, le vol d’un appareil photo dans un grand supermarché à Bascharage à l’aide de violence et puis l’escroquerie au préjudice d’un magasin de pièces de rechange automobiles à Luxembourg.

Avec son mari, il s’était présenté dans le magasin pour récupérer des pièces pour sa vieille Golf. Le problème, c’est que ces pièces d’une valeur de 1 400 euros ont été commandées et retirées sous une fausse qualité, à savoir celle de l’employé d’un garage. Le jeune homme conteste toutefois avoir été au courant de cette escroquerie orchestrée : «J’ai juste emporté les pièces pour réparer ma voiture.»

«Comme vous n’aviez pas de permis, cette opération de réparation était absurde», observe le président. «C’est quoi vos projets ?», le questionne-t-il après s’être emparé du dernier dossier. – «Une vie normale. Mon but est d’aller travailler ou d’ouvrir une société de jardinage.» Cela ne risque toutefois pas d’arriver de sitôt.

Le parquet requiert en effet trois ans de prison ferme, une amende ainsi qu’une interdiction de conduire d’un total de 168 mois (soit 14 ans). Enfin, il réclame la confiscation des deux voitures. Fixant droit dans les yeux le prévenu, le substitut principal martèle : «Vous n’aviez pas le droit de prendre le volant. Vous n’aviez pas le droit d’aller au magasin en voiture. Tant que vous n’aurez pas compris ça, votre place c’est la prison !» Le parquet retient qu’il a déjà bénéficié deux fois de travaux d’intérêt général (TIG) et d’un contrôle judiciaire. «Est-ce que six ou sept ans de prison, c’est mieux ?», tente d’intervenir le prévenu.

Le substitut principal poursuit de plus belle : «Je n’ai pas l’impression que vous ayez compris que sans permis on ne prend pas la voiture… Les autres personnes travaillent aussi, font des économies pour s’acheter un appareil photo. Vous pensez être quelqu’un de mieux ? Faut-il qu’il y ait des morts ?»

Prononcé le 14 juin.

Fabienne Armborst

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