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Dealer et prostituée tués : la personnalité des prévenus décryptée


Qui a appuyé sur la détente la nuit du 9 au 10 novembre 2016 avant que le corps sans vie du dealer nigérian ne soit déposé dans la forêt entre Leudelange et Schléiwenhaff ? La chambre criminelle tente de se frayer un chemin vers la vérité. (illustration Fabienne Armborst)

Au deuxième jour du procès du double homicide de novembre 2016, un psychiatre et un psychologue ont livré les confidences faites par les deux prévenus.

Qui a appuyé sur la détente la nuit du 9 au 10 novembre 2016 avant que le corps sans vie du dealer nigérian ne soit déposé dans la forêt entre Leudelange et Schléiwenhaff ? C’est la question qui occupe la 13e chambre criminelle depuis mardi. Les deux hommes sur le banc des prévenus, Lee K. (36 ans) et Alden S. (24 ans), se renvoient la balle.

Tous deux ont grandi au Grand-Duché et ont eu certaines difficultés au cours de leur scolarité. Le plus jeune a fini par intégrer pendant une courte période l’armée. L’aîné, pour sa part, a vite intégré l’entreprise familiale dirigée par son père. La rencontre entre Alden S. et Lee K. date de l’époque où ce dernier dirigeait sa société de sécurité créée en 2014. C’est ce qui ressort des expertises dévoilées mercredi après-midi.

Lee K. aurait promis à Alden S. de l’embaucher avec un contrat officiel. Mais cela n’aurait jamais eu lieu. Il en serait donc resté au travail au noir. Toujours est-il que l’aîné, avec ses belles voitures et sa collection d’armes d’une valeur de quelque 50 000 euros, semble avoir fasciné le second. Il se serait laissé obnubiler. C’est également l’époque où il se serait mis à consommer de la cocaïne. Ce n’est qu’une fois en prison qu’il aurait réalisé qu’il s’était fait manipuler. «Lee K. m’a entraîné dans cette affaire dans laquelle je n’ai rien à voir !», avait ainsi confié Alden S. à l’expert psychologue.

Sa position : il aurait seulement conduit le véhicule au moment du tir. «Alors qu’il est pris dans cette affaire abominable, cela ne le gêne pas de rester en contact avec Lee K. et de lui écrire des SMS par la suite», a soulevé, mercredi, le parquetier. Un comportement qui n’est toutefois pas forcément probant selon l’expert. «Car il reste froid face à presque tout le monde»

Son «absence de névrose traumatique» n’aurait d’ailleurs aucune signification sur son éventuelle implication. «C’est une question de personnalité», a appuyé l’expert.

Jusqu’à 1 g de cocaïne par jour

En tout cas, les prévenus n’auront pas suivi l’exposé de leurs expertises d’un œil indifférent. Lee K. aura été le premier à se manifester. Le trentenaire en détention préventive depuis près de trois ans a fait part de son désaccord sur certains points. Alden S. était sur le point d’embrayer quand la présidente les a coupés dans leur passe d’armes.

«Intolérance à la frustration, impulsivité, agressivité» sont quelques parallèles que l’expert psychiatre relèvera, par ailleurs, dans le portrait des deux hommes. L’importante consommation de cocaïne – jusqu’à 1 g par jour – pourrait expliquer les «tendances mégalomaniaques» du passionné d’armes Lee K. Si l’expert relève une «anomalie mentale» chez ce dernier, elle n’aurait ni affecté ni annihilé son discernement.

Lors de sa rencontre avec le spécialiste, Lee K. avait, par ailleurs, déclaré ne jamais avoir été chez les prostituées. Une déclaration qu’il faut certainement voir dans le contexte du deuxième fait que le parquet lui reproche, à savoir l’assassinat d’une prostituée roumaine de 27 ans dont le corps a été retrouvé au parking du Fräiheetsbam entre Strassen et Bridel le 14 novembre vers 5h du matin. La police s’était mise à la recherche de la jeune femme portée disparue, en recourant au retraçage du portable de cette dernière. Cette piste l’avait menée près du Bambësch. La suite, on la connaît. Avec sa capuche sur la tête, la victime gisait au sol entre des débris de verre. Selon l’enquête, il semble qu’elle ait été tuée d’une balle dans la tête alors qu’elle était assise sur le siège passager d’une voiture.

Des résidus de poudre à analyser avec prudence

Un expert qui a analysé les résidus de poudre sur la capuche a confirmé mercredi que la balle était bien entrée côté gauche pour ressortir côté droit. Ce même expert a analysé les 17 particules de résidus de tir saisis sur Lee K. lors de son arrestation. Des résidus qu’il faudrait néanmoins interpréter avec prudence vu le nombre important d’armes et douilles saisies dans son habitation. Bref, toujours selon l’expert, Lee K. pourrait être l’auteur du tir ou avoir été en contact direct avec une arme à feu ou avoir touché la victime ou encore avoir été à moins de 2 m d’un environnement detir…

Sur le prévenu Alden S., aucun résidu de tir n’avait pu être saisi. Mais là, l’expert donne à considérer qu’il a été «intercepté quatre jours plus tard». Et que «24 heures plus tard, la persistance de ces résidus est très faible». Suite du procès ce jeudi après-midi.

Fabienne Armborst