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Contournement de Hesperange : Bausch plaide pour un tunnel


La ligne rouge retrace les deux variantes qui se trouvent jusqu'à présent sur la table. Toutes deux passent par une zone de protection naturelle. Il reste à savoir où et comment pourrait maintenant être réalisé un tunnel. (illustration Didier Sylvestre)

Le dossier visant à enfin arrêter une des variantes de délestage du sud-ouest de Luxembourg est sur le point d’être finalisé. Désormais, le ministre de tutelle se dit toutefois «largement favorable» à un autre projet.

Le projet visant à délester la route nationale N3 autour de Hesperange et d’Alzingen, attendu depuis de très longues années par les habitants et responsables politiques locaux, n’est pas près d’aboutir. En réponse à une question parlementaire, le ministre de la Mobilité et des Travaux publics, François Bausch, confirme bien que le «dossier de consultation du public, annoncé depuis un certain temps, est actuellement en train d’être mis à jour». Le 26 juillet dernier, le ministre de tutelle avait précisé qu’il «n’est pas opportun d’accélérer à tout prix la finalisation du dossier de consultation du public en vue du lancement de la procédure. Il est en effet préférable de disposer d’un dossier solide et bien ficelé.»

Ce «dossier solide et bien ficelé» que François Bausch ne compte pas «accélérer à tout prix» va désormais être complété par un tout nouveau volet, qui risque de remettre en cause l’ensemble des études préparatoires lancées depuis des décennies. «Toutes les variantes étudiées présentent (…) un impact significatif sur les objectifs de protection (de la nature), indique François Bausch dans sa réponse parlementaire.

Les différentes variantes du tracé pour le contournement vont en effet découper la zone de protection Natura 2000 et une zone européenne de protection d’oiseaux. Les députés déi gréng suggèrent donc à leur collègue ministre «l’option d’un tunnel (…) qui aurait un moindre impact environnemental et s’avérerait plus facile du côté procédural». François Bausch n’en demandait pas autant pour confirmer que «depuis peu et à la suite des exigences liées à la justification de l’impact, l’idée d’analyser la faisabilité (…) d’un tunnel pour éviter tout impact direct est apparue». Et cette idée a de quoi plaire au ministre. «Au vu du gain de temps de construction et de la réduction significative d’impact sur l’environnement naturel», François Bausch annonce «être largement favorable» à une variante comprenant un tunnel. Il annonce avoir «demandé à l’administration des Ponts et Chaussées de l’étudier en détail».

«Une augmentation sensible des coûts»

La construction d’un tunnel avait déjà été évoquée par le passé mais avait été «écartée dans le temps pour des raisons d’économie et de coûts», précise François Bausch. Le ministre écolo estime qu’à condition «que l’on accepte une augmentation sensible des coûts de construction et d’exploitation», la procédure d’autorisation pourrait être «allégée». D’un point de vue technique, François Bausch indique qu’il «faudrait envisager des méthodes d’excavation en galerie souterraine sous le Roeserbann sans rester fixé au corridor du chemin de fer».

Le ministre des Travaux publics ne précise cependant en rien quel pourrait être le «gain de temps de construction». Une chose est cependant acquise : si la variante tunnel est validée, elle «devra être ajoutée au dossier procédural» qui, comme indiqué plus haut, était en cours de finalisation.

Cette nouvelle donne, passée jusqu’à présent assez inaperçue, va certainement relancer le débat, mais aussi retarder encore davantage le délai avant qu’un contournement de Hesperange et d’Alzingen soit réalisé. Car, comme le souligne bien François Bausch dans sa longue réponse adressée à François Benoy et Carlo Back, «le gouvernement se prononce au sujet de la variante à réaliser et concernant l’envergure des mesures compensatoires après la consultation du public».

David Marques

Deux modules et trois variantes

Le contournement de Hesperange et Alzingen a déjà fait couler beaucoup d’encre. Le projet comporte un «module Nord» qui sera achevé pour fin 2021. Il s’agit du pôle d’échange Bonnevoie/Rangwee (gare centrale de Luxembourg) et de l’élargissement du pont Büchler. La nouvelle N3 constitue le «module Sud» du projet. Il existe plusieurs variantes pour le réaliser. L’idée est de contourner Hesperange et Alzingen, de se diriger vers le Ban de Gasperich pour retrouver la N3 à l’est du pont Büchler. Une variante Nord et une variante Sud ont été étudiées. Toutes deux impactent cependant la zone verte Natura 2000. Une variante 0 (ne rien faire) a quant à elle été exclue.

Bascharage : Sanem sonne la révolte

Votée en juillet 2018, à l’aube des élections législatives, la construction du contournement de Bascharage semble actée. «Mais rien n’est encore perdu. On peut encore changer des choses», clame Bianca Leardini, la présidente de la BIGS, initiative citoyenne de la commune de Sanem, qui a relancé mercredi soir la mobilisation contre ce projet routier. Une centaine de citoyens avaient fait le déplacement au hall polyvalent pour sonner la révolte. Les initiateurs de la BIGS ont démonté l’argumentaire du gouvernement et de la Chambre des députés pour justifier la construction du contournement. «Les décideurs politiques ont pris leur décision sur la base d’un dossier erroné», clame la BIGS.

L’argument des trop importantes émissions de particules fines (NO2/NOx) au cœur de Bascharage ne serait plus valable. Les émissions se trouveraient même en baisse et les prévisions seraient favorables aussi en l’absence du contournement de 4,2 km, budgétisé à 139 millions d’euros. Du coup, l’avis juridique sur la loi de financement, qui renvoyait précisément à ces mesures élevées, serait caduc. La BIGS estime que la destruction de la réserve naturelle du côté de Sanem pour réaliser le projet n’est plus à justifier. De plus, le contournement en lui-même ne permettrait en rien de résoudre les problèmes de mobilité dans la région. Un recours juridique est fortement envisagé.

À Dippach, on espère le début des travaux pour mi-2020

Le contournement de Dippach-Gare est une des autres histoires sans fin concernant le délestage de localités au Grand-Duché.

Le 16 septembre, le bourgmestre de Reckange-sur-Mess, Carlo Muller, a signé l’autorisation de bâtir pour la partie du contournement située sur le territoire de sa commune. À Dippach, cette même autorisation de bâtir a déjà obtenu le feu vert «depuis au moins deux ans», comme nous l’explique l’échevin Max Hahn.

Ces deux décisions administratives locales ne suffisent cependant toujours pas pour lancer les travaux. «Le propriétaire de la parcelle manquante s’est montré intraitable jusqu’au bout. Alors que le projet n’est pas contesté sur le plan politique, il a fallu attendre l’avènement de la coalition actuelle pour que la procédure d’expropriation soit enfin concrétisée», note Max Hahn. Le gouvernement CSV-LSAP, au pouvoir de 2004 à 2013, avait encore refusé d’agir. Depuis quelques mois, le terrain est en possession de l’État. «On mise sur un début des travaux mi-2020 ou au plus tard fin 2020. La très grande partie des études préparatoires est clôturée», détaille le député libéral. Il espère que les habitants du sillon entre Dippach et Reckange-sur-Mess profiteront rapidement des bénéfices de ce délestage. Actuellement, la barrière ferroviaire constitue un sacré entonnoir. «Aux heures de pointe, la barrière est toutes les heures fermée pendant 43 minutes. Les nuisances sont importantes», fait remarquer Max Hahn.

Selon le ministre des Travaux publics, la durée du chantier sera, une fois celui-ci lancé, de deux ans et demi. Le devis estimatif du contournement de Dippach-Gare se chiffre à 17,4 millions d’euros, pris en charge par l’État.

 

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