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Coups de couteau à Kockelscheuer : il écope de 12 ans ferme en appel


illustration Isabella Finzi

L’homme qui avait poignardé une femme et pourchassé une autre, à Kockelscheuer à l’été 2017, a pris mercredi en appel 16 ans dont 4 avec sursis. Dario C. s’en sort mieux qu’en première instance, où il avait écopé de 18 ans de réclusion ferme pour tentative d’assassinat.

Le 8 juillet 2017, lors d’une fête à Kockelscheuer partagée par une partie de la communauté de la Guinée-Bissau, Dario C. avait poignardé au moins sept fois une jeune femme de 28 ans avant de pourchasser ensuite sa propre demi-sœur, toujours avec son couteau à éplucher à la main.

Touchée au moins quatre fois dans la région du cou et de la nuque et plusieurs fois à la main, la première victime avait été transportée à l’hôpital où elle avait subi d’urgence une intervention chirurgicale. D’après le médecin légiste, l’un des coups n’avait manqué la carotide que de quelques centimètres…

«S’il n’y avait pas eu l’intervention de tiers, on serait en présence d’un véritable bain de sang», avait estimé la représentante du parquet général à la fin de son réquisitoire. Pour la double tentative d’assassinat, elle avait requis 20 ans de réclusion ferme contre le quadragénaire actuellement en détention préventive à Schrassig. La Cour d’appel n’a pas suivi ces réquisitions.

Jeudi après-midi, Dario C. (43 ans) a en effet écopé de 16 ans de réclusion. Cette peine est assortie d’un sursis à hauteur de quatre ans. À la différence des premiers juges qui l’avaient condamné à 18 ans de prison ferme, la Cour n’a pas retenu une tentative d’assassinat, mais une double tentative de meurtre (tentative d’homicide sans préméditation).

«J’ai perdu la tête et je l’ai poignardée. Je regrette.» Comme en première instance, Dario C. avait fermement contesté avoir prémédité son acte. Son refrain : «Avec un couteau à la main, si j’avais eu l’intention de la tuer, le résultat serait tout autre. Avec mes 80 kg, j’étais beaucoup plus fort et plus costaud…» Il aurait voulu demander des explications à la jeune femme, avait-il encore expliqué. La raison ? Un SMS envoyé deux semaines plus tôt dans lequel elle l’aurait insulté. C’est quand elle lui aurait dit qu’elle allait appeler la police qu’il serait passé à l’acte.

La préméditation pas retenue

La défense avait parlé d’un «acte passionnel commis impulsivement» : «En raison de leurs relations conflictuelles antérieures, la vue de la victime a pu susciter des émotions chez Dario C. sans qu’il y ait eu une quelconque intention de tuer», avait plaidé Me Mathieu Richard. Difficile d’imaginer que le quadragénaire ait agi avec préméditation devant 200 personnes, avait-il argué.

Le fait qu’il ait pris la fuite à pied était un autre élément, selon la défense, pour dire que son acte n’était pas prémédité. Pour rappel, Dario C. avait été arrêté par la police sur la route principale non loin du rond-point de la Cloche d’or. En quelques minutes, il avait parcouru 1,5 km, poursuivi par une meute de 20-25 personnes…

Si la Cour d’appel n’a pas retenu la préméditation, elle l’a néanmoins condamné pour les faits sur sa demi-sœur. À la différence des premiers juges. La 13e chambre criminelle avait en effet déclaré «irrecevables» les poursuites concernant cette seconde tentative d’assassinat par «défaut d’inculpation» du prévenu.

En déclarant les poursuites irrecevables, les premiers juges auraient commis un «excès de pouvoir», avait considéré la représentante du parquet général : «Les juges du fond sont saisis d’une ordonnance de renvoi. Sa légalité peut seulement être remise en question par un recours en cassation.»

Outre la peine de réclusion, Dario C. est condamné à indemniser deux parties civiles. La première victime se voit allouer une provision de 5 000 euros en attendant l’expertise médicale qui doit évaluer son préjudice corporel et une indemnité de procédure de 500 euros. À une seconde partie civile, le quadragénaire doit verser 2 500 euros.

Fabienne Armborst

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