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Couple jugé pour maltraitance : la mère nie avoir brûlé son fils


Le fils aîné fréquentant la classe de troisième année primaire avait confié lors d'un cours d'appui recevoir des coups quand sa mère était en colère. (illustration Didier Sylvestre)

La Cour d’appel se penchait mardi sur une affaire de maltraitance. La mère a de nouveau contesté être l’auteure des brûlures sur son fils en bas âge.

C’est une affaire de maltraitance où on est bien au-delà de la simple gifle ou fessée. Sa maman le frappait avec une ceinture et une cuillère en bois, son papa avec les pantoufles, avait relaté le fils aîné. Une fois c’est parce qu’il avait mangé trop de crêpes avec son frère, une autre fois, c’est parce qu’ils faisaient des bêtises… La brûlure avec la cuillère, c’est parce qu’il avait dit un gros mot à son père…

Pour avoir régulièrement infligé des coups et blessures à leurs fils de 9 et 6 ans, mère (39 ans) et père (63 ans) avaient écopé en mars en première instance respectivement de 18 mois et 12 mois de prison avec sursis et d’une amende de 500 euros chacun. Placés sous le régime du sursis probatoire, ils avaient l’obligation de se faire suivre par un psychiatre ou psychologue. Les enfants, quant à eux, s’étaient fait allouer un total de 2 000 euros de dommages et intérêts.

Une peine «un peu trop sévère» ont estimé les parents, mardi après-midi. Polo bleu foncé pour lui, chemisier blanc avec motifs fleuris pour elle, le couple s’est avancé à la barre de la Cour d’appel pour exprimer ses regrets. Son refrain : «On s’excuse pour tout ce qu’on a fait. On regrette tout.»

« J’étais en train de cuisiner »

Tout, sauf cet incident avec la cuillère brûlante. Car pour la mère, cela reste bien un accident. «Mon fils était petit à l’époque. J’étais en train de cuisiner… C’est lui qui a pris la cuillère.» Voilà sa version telle qu’elle l’avait déjà exposée face aux premiers juges.

Pour la représentante du parquet général, le récit livré par le fils de 9 ans face aux autorités est toutefois clair. Il avait raconté que sa mère avait chauffé volontairement la cuillère. Une fois brûlante, elle l’aurait appliquée deux fois sur le dos de sa main. C’est la grand-mère présente qui serait allée chercher les glaçons. Bref, «la thèse de l’accident ne tient pas la route. Si l’enfant s’était saisi lui-même de la cuillère, il se serait brûlé à l’intérieur de la main».

Tout avait éclaté au grand jour en juin 2018. Le fils aîné fréquentant alors la classe de troisième année primaire avait confié lors d’un cours d’appui recevoir des coups quand sa mère était en colère. En entendant cette phrase, le personnel éducatif avait tiré la sonnette d’alarme. L’information du cas de suspicion de maltraitance était remontée via le «service médical des écoles de la Ville de Luxembourg» au parquet qui avait diligenté une enquête policière.

Un an avec sursis requis contre le couple

«De nos jours, on n’est plus dans une société où on accepte que les enfants soient corrigés par des coups physiques», a tenu à rappeler la représentante du parquet général en s’appuyant sur la loi de 2008 qui prohibe la violence au sein des familles. «Cela met fin à tout droit de correction», a-t-elle insisté répliquant par-là à Me Philippine Ricotta-Walas. «Ils n’avaient aucune intention de faire mal à leurs enfants, mais de les corriger», avait argué l’avocate des prévenus dans sa plaidoirie. Et d’insister : «Aujourd’hui, ils ont bien compris la leçon. Ils ont changé leur méthode d’éducation !»

Si Me Ricotta-Walas avait plaidé en faveur d’une suspension du prononcé – ce qui signifierait que la culpabilité des parents serait bien établie mais aucune peine prononcée –, le parquet général s’y est opposé : «Il faut une peine sérieuse pour des faits sérieux. Car cela doit leur servir de leçon.» Sa représentante a fini pas requérir la même peine contre la mère et le père. «Car tous deux ont une responsabilité égale. Le père n’est pas intervenu !» Mais elle ne s’oppose pas à ce que ses 12 mois de prison requis soient assortis d’un sursis simple. Son argumentation : «Je ne vois aucun intérêt pour un suivi psychologique.» L’amende de 500 euros, pour sa part, serait à confirmer pour les deux.

Prononcé le 1er octobre.

Fabienne Armborst

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