Selon son avocate, Pedro doit être pris en charge, mais pas par l’autorité judiciaire. Le prévenu reconnaît avoir volé, mais une maladie psychiatrique serait à l’origine de sa situation.
À 18 ans, Pedro ne devrait pas être en prison. Ni livré à lui-même dans la rue. Le jeune homme est suspecté d’être atteint de schizophrénie et sous médication, a expliqué hier matin son avocate, qui est également sa tutrice légale, aux juges de la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg.
Son père est décédé récemment et sa mère serait rentrée au Brésil d’où la famille est originaire, abandonnant Pedro à son sort. Avant ses 18 ans, le prévenu a déjà effectué un séjour à Dreiborn.
«Le cas de Pedro démontre l’échec du système luxembourgeois. Personne ne veut assumer la responsabilité de le prendre en charge alors qu’il devrait se trouver en psychiatrie», a poursuivi l’avocate. «Même si cela n’excuse pas ses actes et il le sait.»
Le jeune homme est accusé de vol à l’aide de menaces pour assurer sa fuite et se trouve en détention préventive dans une autre affaire de vol. Dans un café cette fois. «J’avais besoin d’argent pour acheter à manger, acheter des cigarettes…», reconnaît-il. «Il n’y a pas eu de menaces. J’ai volé ses affaires sans qu’il le voie.»
Le 12 août dernier, Anton attendait le train en gare de Rodange quand Pedro s’est approché de lui. «Il m’a demandé de l’argent pour manger. J’ai refusé de lui en donner. J’en avais pour acheter un cadeau», raconte l’adolescent âgé de 16 ans.
«Ensuite, il a dit que j’avais de beaux vêtements et que je devais être riche. Il a voulu qu’on échange nos vêtements.» Le prévenu n’en est pas resté là. «Il m’a demandé de lui prêter mon téléphone pour passer un appel. Pour me remercier, il m’a serré dans ses bras et en a profité pour ouvrir ma sacoche.»
Pedro est parti se réfugier dans un magasin à proximité. «Il en est ressorti quelques minutes plus tard et est revenu vers moi en me montrant son poing et en menaçant de me tabasser», poursuit Anton.
Des usagers des chemins de fer qui avaient assisté à la scène ont informé Pedro qu’ils avaient prévenu la police et le jeune homme a pris la fuite. Il a été rattrapé dans la foulée et l’adolescent a récupéré 10 des 80 euros volés ainsi que la batterie externe de son téléphone.
«Je n’ai aucun problème à lui rendre les 70 euros. Comme ça, je n’ai plus de problèmes avec personne», a assuré le prévenu. La représentante du ministère public a conclu qu’il avait «profité de la gentillesse» de sa victime présumée et avait bien fait usage de menaces pour assurer sa fuite.
Elle a requis une peine de 18 mois de prison à l’encontre du jeune homme et s’est rapportée à prudence du tribunal quant à un éventuel sursis. Son avocate a estimé que «c’est beaucoup trop» et a demandé à ce que la peine puisse être adaptée à son cas particulier. «Il n’a pas encore de casier judiciaire. Cela lui donne droit à un sursis.»
Le prononcé est fixé au 25 avril prochain.
De la drogue en prison
Luis a, quant à lui, joué de malchance. Cet héroïnomane de 51 ans voulait se faire «un dernier shoot avant d’entrer en cure de désintoxication», a expliqué son avocat, Me Stroesser. Il est allé en Belgique acheter pour 500 euros d’héroïne et de cocaïne. Au retour, son chauffeur et lui sont tombés dans un contrôle de police.
Les agents remarquent qu’il est recherché pour purger une peine. Il est emmené au commissariat, puis à l’hôpital et finalement au centre pénitentiaire où les matons trouveront les stupéfiants lors d’une fouille intégrale.
«Je devais entrer en cure de désintoxication à Manternach un mois plus tard. Je suis consommateur depuis 27 ans. C’était pour ma consommation personnelle pendant 15 ou 20 jours», a expliqué le prévenu à qui le parquet reproche d’avoir acheté les stupéfiants pour se livrer à un trafic étant donné les quantités saisies.
Sa représentante a requis une peine de 18 mois de prison à son encontre. Me Stroesser a demandé au tribunal de bien vouloir requalifier les préventions et de limiter la condamnation à une amende par contrainte par corps.
«Il consomme 5 mg de méthadone par jour en prison. C’est une dose énorme. Cela confirme qu’il était un grand consommateur de drogue. Il prenait 4 grammes d’héroïne par jour», argumente l’avocat. «En une quinzaine de jours, il aurait consommé les 74 grammes.»
Luis avait acheté cette quantité pour minimiser les risques encourus en se rendant en Belgique ainsi que pour obtenir un meilleur prix. «Il n’avait pas l’intention de se livrer à un trafic en prison ou de se constituer une réserve», a conclu Me Stroesser. Faire entrer de la drogue en prison est considéré comme une circonstance aggravante qui influe sur le quantum de la peine.
Le prononcé est fixé au 2 mai prochain.