Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
À quatre jours du Tour des Flandres, il ne manquera que Mathieu Van der Poel pour la grande répétition, ce mercredi à Waregem, pour À Travers la Flandre.
Dans l’euphorie d’un triomphe collectif de grande ampleur, une seule ombre est venue ternir le tableau de l’équipe flandrienne des Lidl-Trek dimanche soir à l’issue de Gand-Wevelgem. On songe ici à la très impressionnante chute d’Alex Kirsch. Sa cabriole dans le virage spectaculaire de la descente du mont Kemmel a glacé le sang des suiveurs avant que le principal intéressé ne confirme qu’il ne souffrait d’aucune fracture. Ce qui était donc très rassurant, vu la violence du choc.
Jusqu’à ce coup de frayeur sans frais, Alex Kirsch, déjà à son avantage dans le Grand Prix E3 (10e), avait réalisé une course parfaite, son rôle étant de filtrer les coups alors que le trio composé par Mads Pedersen, Jasper Stuyven et Jonathan Milan amusait la galerie à l’avant de la course.
Avec le résultat qu’on connaît. Si Jasper Stuyven eut à son tour l’infortune d’essuyer une crevaison, si Jonathan Milan paya quelque peu sa débauche d’énergie puisqu’il fugua longuement, contraignant Mathieu Van der Poel à puiser dans ses ressources considérables pour mener la chasse, Mads Pedersen se chargea en personne de se payer l’actuel champion du monde au sprint.
«Avec Jonathan à l’attaque, c’était le premier geste de l’équipe pour mettre de la pression sur nos rivaux. Heureusement pour nous, Mathieu (Van der Poel) a dû travailler pour fermer le trou. Heureusement pour moi, il a fallu beaucoup de temps à Mathieu et aux gars de l’échappée pour se rapprocher de Johnny, et ça a joué en ma faveur», rappelait après coup l’ancien champion du monde danois.
De la théorie à la pratique
Cette tactique qui reste comme la base de la tactique cycliste pour les courses d’un jour, cette tactique dont longtemps l’équipe Quick-Step de Patrick Lefevere fut la principale dépositaire dans les Flandriennes, a été appliquée à la lettre par les coureurs de Lidl-Trek, équipe qui n’avait jamais connu une telle réussite sur ce terrain prisé. De la théorie à la pratique.
Mis à part les quelques anicroches précitées plus haut, et dont Alex Kirsch fut en quelque sorte une victime avec ce coup du sort finalement sans frais, l’équipe américaine aura presque réalisé un sans-faute édifiant. Cela lui apporte manifestement un supplément d’âme, une confiance maximale dans la dernière ligne droite avant le sacro-saint Tour des Flandres, dimanche.
Certes, cette classique estampillée World Tour qu’est À Travers les Flandres, autrement dénommée et bien plus sobrement «Waregem», du nom de la localité d’arrivée, n’a pas la renommée ni la reconnaissance d’un Grand Prix E3 ou de Gand-Wevelgem. Mais elle se situe juste en dessous.
Et on retrouve quasiment le même peloton. À quelques exceptions près. Car si Wout van Aert, qui a subi la loi de Mathieu Van der Poel vendredi dernier à Harelbeke à l’issue d’un palpitant Grand Prix E3, fait son retour, Mathieu Van der Poel est au repos en vue du «Ronde».
Les Lidl-Trek, vainqueurs marquants à Wevelgem, ont forcément le vent en poupe. Ils semblent avoir atteint la maturité dans leur mode opératoire, on les sent enfin sûrs de leurs forces et de leur cohésion collective. Et ils sont au complet!
Visma, ce n’est plus ça…
À chaque bataille sa vérité, le plus important pour l’ensemble du peloton sera évidemment d’honorer le rendez-vous du Tour des Flandres. Mais aujourd’hui à Waregem, on verra si l’équipe Visma – Lease a Bike pourra réagir après la déconfiture observée sur Gand-Wevelgem.
Depuis le week-end d’ouverture, où la bande à Wout van Aert s’était payé le luxe d’envoyer un équipier cueillir le succès sur le Het Nieuwsblad avant que, le lendemain, le boss s’impose à Kuurne, bien de l’eau a coulé sous les ponts.
Atteint d’une grippe intestinale et mal remis d’une blessure à la selle, Christophe Laporte a mis le clignotant. Tiesj Benoot tarde à retrouver son meilleur niveau que n’a manifestement plus Dylan van Baarle en ce moment. Contre toute attente, l’équipe Visma semble connaître un problème global de préparation. Matteo Jorgenson, récent vainqueur de Paris-Nice et cinquième du Grand Prix E3, sera-t-il en mesure de peser ?
Wout van Aert paraît bien seul alors que justement Lidl-Trek vient tout juste de démontrer qu’elle a récupéré l’habit des nouveaux patrons qu’avaient à leur époque les Quick-Step qui poursuivent inexorablement, déconvenue après déconvenue, leur descente aux enfers. On verra donc sur ce très instructif À Travers la Flandre si de nouveaux enseignements seront, oui ou non, à tirer. Bref, cette nouvelle répétition grandeur nature du Tour des Flandres ne manquera pas d’intérêt!
