La serveuse du café de Niederkorn abusée sexuellement avait par désespoir mis le feu à son lieu de travail. Elle a été condamnée jeudi à 10 ans de prison, dont sept assortis de sursis.
La jeune femme, âgée aujourd’hui de 26 ans, à l’origine de cet incendie a été condamnée jeudi après-midi. À l’époque, elle travaillait comme serveuse au café et logeait dans une petite chambre à l’étage. Après avoir été entendue quatre fois par les enquêteurs de la police judiciaire, elle avait fini par reconnaître les faits, le 15 novembre 2012. Son motif : elle expliquait avoir été abusée sexuellement par son patron. En mettant le feu, elle voulait lui nuire.
À noter que l’ancien patron de ce café à Niederkorn, poursuivi pour viols sur deux serveuses en 2010 et 2011, a été reconnu coupable par la 13e chambre criminelle. Le quadragénaire a écopé mi-février de 16 ans de prison, dont six avec sursis. Le verdict de son procès en appel est le 12 juillet.
À la barre de la 9e chambre criminelle début juin, la prévenue avait affirmé que l’idée de mettre le feu lui était venue après qu’une poubelle dans la cuisine avait brûlé, par accident, le 10 août au soir. Le lendemain en fin de matinée, elle avait donc mis le feu à une poubelle près du comptoir. «Je voulais tout simplement ne plus voir le café.» Cette première tentative n’avait pas abouti. Mais ce n’était pas la dernière.
Plus tard dans la journée, elle avait pris un morceau de papier-toilette pour l’allumer au-dessus du tapis au premier étage. Le feu n’avait pas pris. Le café était finalement parti en fumée quand elle avait incendie un matelas avec un briquet sur le palier au premier étage. «À ce moment, j’ai commencé à trembler. C’est alors que j’ai réalisé ce que j’avais fait. Lorsque j’ai appris que des personnes se trouvaient à l’étage, j’ai espéré que rien ne leur arriverait», avait soulevé la prévenue à la barre. Le feu avait pris au premier étage. En raison de la construction en bois, l’incendie s’était rapidement propagé au deuxième étage et sous les toits.
Selon Me Marc Lentz, à l’époque, sa cliente «se trouvait dans une impasse». Il avait plaidé l’irresponsabilité pénale de sa cliente en se référant principalement à l’article 71.2 du code pénal («N’est pas pénalement responsable la personne qui a agi sous l’empire d’une force ou d’une contrainte à laquelle elle n’a pu résister»).
Plus de 260 000 euros à verser aux parties civiles
Dans son réquisitoire, le parquet avait toutefois considéré la prévenue comme complètement responsable, mais estimé qu’ «on ne peut pas faire abstraction de ce qu’elle a vécu». Même si le mobile de la serveuse n’excuse rien, il serait à prendre en considération au niveau des circonstances atténuantes
Plusieurs points gênaient néanmoins le parquet. Ainsi, le substitut avait noté que la prévenue a mis le feu à un endroit qui constituait un chemin de fuite. Lors de l’incendie, trois personnes n’avaient en effet pas pu sortir par la cage d’escalier. Le parquet avait également constaté que la prévenue avait mis le feu au moment où son patron se trouvait en vacances. «Tout cela fait vaciller un peu le mobile», avait estimé le substitut avant de requérir dix ans de réclusion. En ce qui concerne un éventuel sursis, il se rapportait à la prudence du tribunal, mais ne s’y opposait pas.
Conformément aux réquisitions, la 9e chambre criminelle a condamné, jeudi après-midi, la prévenue à dix ans de prison, dont sept ans avec sursis. Outre la peine de prison, elle doit verser un total de plus de 260 000 euros de dommages et intérêts aux quatre parties civiles, dont 2000 euros à son ancien patron. Ces dernières réclamaient plus de 571 000 euros de dommages et intérêts.
La condamnée a 40 jours pour faire appel.
Fabienne Armborst