Le procès du prévenu Joël C. poursuivi pour le braquage au City Concorde en 1997 continuait jeudi devant la chambre criminelle. Les traces ADN découvertes sur une barbe postiche, un jean et un pull se trouvaient au cœur des débats. Les experts racontent.
Le lendemain du braquage au City Concorde le 24 juin 1997 lors duquel un convoyeur de fonds avait perdu la vie, plusieurs vêtements avaient été retrouvés en Belgique, non loin de la frontière luxembourgeoise. C’est grâce à ces pièces à conviction analysées en 2008 que le prévenu Joël C., qui comparaît depuis mardi devant la 13e chambre criminelle, a pu être identifié. Les résultats de ces expertises ADN ont été exposés jeudi après-midi au troisième jour du procès.
«Ma mission était de déterminer qui a pu porter ces vêtements», a rappelé un expert en identification génétique. Toutes les traces n’étaient pas exploitables. Mais l’expertise a mis en évidence le profil génétique de Joël C. sur trois objets : la barbe postiche, le sweat-shirt bleu portant l’inscription «Université Paris-Sorbonne» et le jean noir Levi’s. Le contributeur ADN identifié y est majoritaire, même si un mélange de traces d’au moins deux autres contributeurs a pu être établi.
Les analyses sont intervenues onze ans après la saisie des objets, mais pour l’expert le profil majoritaire de Joël C. ne fait pas de doute. «Il a pu y avoir une diminution des traces ADN. Mais l’individu qu’on a trouvé majoritaire était déjà majoritaire en 1997», a-t-il expliqué à la demande de l’avocat du prévenu Me Philippe Penning avant de préciser : «On a déjà travaillé sur des objets qui remontent de 30 à 40 ans en arrière, cela ne pose pas de problème. Du moment que les conditions de stockage étaient bonnes.» Et cela semble avoir été le cas, sinon aucune trace n’aurait pu être recueillie.
Le prévenu Joël C. (64 ans), qui conteste fermement avoir participé au braquage au Grand-Duché, avait aussi préparé son lot de questions. «Est-ce que si vous mettez une fois un pull, vous avez une chance de ne pas laisser d’ADN?», voulait-il savoir des deux experts. Leur réponse : «À partir du moment où vous portez un vêtement, vous allez obligatoirement laisser de l’ADN.»
Contact direct avec la peau
Il tentera d’expliquer qu’en 2003 il avait porté une perruque qu’il avait ensuite passée à une connaissance pour un hold-up. «Mais lors de l’analyse au laboratoire, on n’a retrouvé que mon ADN…» La présidente le coupera net : «C’est une affirmation de votre part qu’on ne peut pas vérifier. Il faudrait avoir le rapport d’expertise sous la main pour voir s’il n’y a pas eu un mélange d’ADN de détecté…»
En cas de mélange d’ADN, «la règle veut que la personne qui a porté les objets en dernier est celle dont le profil génétique est majoritaire, notera l’experte. Même si l’opposé ne peut être complètement exclu, il est peu probable.»
Mais pour la spécialiste, dans le cas de la barbe postiche, cela est beaucoup moins discutable : «La bande adhésive en contact direct avec la peau favorise fortement le transfert d’ADN. Elle recouvre l’historique des traces, s’il y en a un…»
Le procès s’est poursuivi ce vendredi matin.
Fabienne Armborst