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Bettel menacé de mort : 15 mois de prison requis


L'auteur avait ouvertement affirmé être un nazi, avant d'ajouter qu'il voterait "trois fois oui pour tirer dans la tête" de Xavier Bettel. (photo archives LQ / JC Ernst)

Quelques jours avant le référendum du 7 juin, Jean-Luc B., âgé aujourd’hui de 21 ans, avait envoyé un message haineux via Facebook au Premier ministre, Xavier Bettel. Mardi matin, le jeune homme a dû comparaître, notamment pour menaces de mort, outrages et incitation à la haine.

« Je ne suis pas d’accord avec ce que tu fais avec notre pays. Il faut que tu plies bagage et que tu dégages», avait, entre autres, déclaré le prévenu âgé aujourd’hui de 21 ans dans son message Facebook envoyé dans l’après-midi du 3 juin au Premier ministre, Xavier Bettel. L’auteur avait ouvertement affirmé être un nazi, avant d’ajouter qu’il voterait «trois fois oui pour (lui) tirer une balle dans la tête». Le tout était rédigé dans un luxembourgeois assez approximatif. Quant à sa photo de profil, elle indiquait : «Reste calme et massacre des réfugiés.»

Rapidement, le jeune homme avait effacé les publications. Or comme il s’était déjà fait remarquer quelques jours auparavant, il avait rapidement pu être retrouvé. « Sur Facebook, on a un numéro d’identification qui ne change jamais », a rapporté l’enquêteur mardi.

Entre le 6 juin et le 14 juillet, le jeune Luxembourgeois avait séjourné en prison. D’après l’enquêteur, le prévenu a immédiatement coopéré. Il n’aurait toutefois pas pu livrer d’explication quant aux raisons de la publication de ce message. Dans le passé, il avait déjà été verbalisé pour coups et blessures volontaires, mais il n’était jamais passé au tribunal.

«Je parle toujours plus que je n’agis»

« C’était une mauvaise réflexion », a tenté de s’expliquer le prévenu à la barre, mardi. « Ce n’en était pas du tout une », l’a repris la présidente de la Chambre correctionnelle, Sylvie Conter. « Vous avez effacé votre photo de profil , car vous saviez exactement ce que cela signifiait », a-t-elle ajouté.

L’expert en neuropsychiatrie a rapporté le « parcours extrêmement chaotique » du prévenu dès son enfance. Dès l’âge de 9 ans, il avait été placé dans un foyer et transféré de nombreuses fois dans le service de psychiatrie. Il était également passé par le centre socio-éducatif de Dreiborn.

L’expert a encore constaté sa tendance à repousser la faute sur les autres lors de l’examen du prévenu : « Il se déresponsabilise toujours. » Face à l’expert, il avait par ailleurs exprimé sa peur que les étrangers menacent la langue luxembourgeoise. Quant au message diffusé au Premier ministre, le prévenu lui avait confié : « Au cours de l’après-midi, je me suis rendu compte que j’avais passé les bornes. » Il aurait également ajouté : « Je parle toujours plus que je n’agis. »

D’après l’expert, le prévenu peut être dangereux sous le coup de ses émotions. Comme possibilité de traitement, il a conseillé le centre de santé mentale où il recevrait un encadrement social et une thérapie psychologique.

Le parquet a requis 15 mois de prison. La peine pourrait néanmoins être assortie d’un sursis s’il prend contact avec le Centre de santé mentale recommandé pour y suivre un traitement. Une autre obligation requise par le parquet est qu’il suive un cours d’instruction civique.

Dans sa plaidoirie, Me Yves Altwies, l’avocat à la défense, a indiqué que son mandant s’était excusé par Facebook auprès du Premier ministre et a soulevé qu’il avait été en aveux tout au long de la procédure. « Les faits ne sont pas assez graves pour de la prison ferme », a-t-il conclu. Le tribunal rendra son jugement le 25 novembre.

Fabienne Armborst

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