Alors que le parquet général s’y opposait, la Cour d’appel a décidé de ne pas envoyer en prison l’homme qui avait agressé trois ambulanciers en 2017.
« S’il vous plaît, donnez-moi une chance. Je suis prêt à tout, sauf la prison! Par exemple, je pourrais porter un bracelet électronique… » À la barre de la Cour d’appel début janvier, le trentenaire condamné en première instance à six mois de prison ferme pour avoir agressé trois ambulanciers avait littéralement supplié les magistrats de ne pas l’envoyer en prison.
Le père de famille, âgé aujourd’hui de 35 ans, avait reconnu son erreur et exprimé ses regrets pour ce qui s’était passé ce 2 mai 2017 chez lui à Differdange. Trois membres des services de secours s’étaient retrouvés pendant 1h20 entre ses griffes. Un vrai calvaire pour le trio qui pensait venir en aide à l’homme fortement alcoolisé. Leurs témoignages, livrés à la barre, en disaient long. Lors de cette intervention, le trentenaire avait également brandi un couteau…
Visiblement la Cour d’appel a entendu le trentenaire. Mercredi après-midi, elle l’a en effet condamné à 240 heures de TIG (travaux d’intérêt général) alors que le parquet général s’y était fermement opposé. «La Cour d’appel a choisi la réparation plutôt que la punition. Cette peine va lui permettre de réparer le tort qu’il a commis», réagissait l’avocat du prévenu Me Sébastien Lanoue. Il s’est dit «très heureux de la décision» : «La Cour d’appel a accepté de lui donner une chance.» Vu le casier judiciaire de son client, une peine assortie du sursis n’était plus possible.
«Efforts et regrets sincères»
Conscient que cette décision peut être mal vécue par les victimes, Me Lanoue tempère : «Monsieur souhaite indemniser les victimes.» Pour rappel, les trois victimes s’étaient vu allouer un total de 1 300 euros de dommages et intérêts ainsi qu’une indemnité de procédure de 300 euros chacune, l’administration des Services de secours, l’euro symbolique.
«En matière pénale, la manière de punir peut casser tous les efforts de réinsertion», reprend Me Lanoue qui est convaincu que les efforts entrepris par son client depuis les faits ont pesé dans la décision de la Cour d’appel. Tout comme ses «regrets sincères».
Du côté du CGDIS, on n’a pas voulu commenter la décision juridique mercredi. «On prend acte de la décision», nous a fait savoir son porte-parole. «On attend le projet de loi (NDLR : qui doit renforcer l’arsenal répressif en cas d’agression contre les secours) qui suit son parcours législatif…»
Fabienne Armborst