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Allemagne : mystère autour d’une collision multiple par un camion volé


Le suspect a "violemment" sorti de sa cabine le conducteur d'un semi-remorque et quelques centaines de mètres plus loin, "sans freiner", a percuté sept voitures et une camionnette patientant à un feu rouge face au palais de justice de Limburg. (photo AFP)

La police allemande cherchait mardi à éclaircir la motivation, psychiatrique, terroriste ou politique, d’un homme qui s’est emparé lundi soir d’un camion avant de percuter plusieurs voitures à Limburg, dans l’ouest du pays, blessant huit personnes.

Le parquet de Francfort a annoncé en début d’après-midi l’ouverture d’une enquête pour « tentative d’homicide » contre ce Syrien de 32 ans, blessé et interpellé juste après la collision, et qui doit être présenté dans la journée à un juge chargé de statuer sur son placement en détention.

« Les investigations sur le contexte de cet acte se poursuivent » et « aucune information ne peut pour l’heure être donnée sur son mobile », ont souligné police criminelle et parquet dans un communiqué commun, précisant qu’ils enquêtent « dans toutes les directions ». S’ils n’excluent pas formellement la piste d’un attentat, évoquée par plusieurs médias, ils n’ont pas à ce stade livré d’élément en ce sens.

Le parquet antiterroriste a de son côté indiqué à l’agence allemande DPA qu’il ne voyait encore aucune raison de se saisir de l’affaire. Les policiers ont perquisitionné deux domiciles dès lundi soir, dans l’arrondissement où vit le suspect et à proximité du carambolage. Ils y ont saisi des téléphones portables et des clés USB.

Selon des « sources proches des services de sécurité » citées par DPA, le conducteur du camion volé est arrivé en 2015 en Allemagne, au plus fort de l’afflux de centaines de milliers de personnes fuyant la guerre et la misère. Il n’était pas armé lors des faits, selon la police et le parquet, et n’a « aucune relation établie à ce stade avec les milieux islamistes disposés à la violence », a précisé le ministre régional de l’Intérieur, Peter Beuth, dans un communiqué.

« Peut-être sous l’influence de la drogue »

Après avoir bénéficié d’un statut provisoire de réfugié, il était en situation irrégulière depuis le 1er octobre 2019, affirme l’hebdomadaire Der Spiegel. Il était connu en outre de la police pour une bagarre avec des membres de sa famille remontant à 2008, et pour avoir été arrêté avec 2,9 grammes de haschich sur lui.

Lundi vers 17h20 locales, il a « violemment » sorti de sa cabine le conducteur d’un semi-remorque et quelques centaines de mètres plus loin, « sans freiner », a percuté sept voitures et une camionnette patientant à un feu rouge face au palais de justice de Limburg. La collision a fait neuf blessés légers, dont le voleur du camion.

Interrogé dans le quotidien local Frankfurter Neue Presse, le conducteur habituel du poids lourd a raconté avoir vu cet homme barbu aux cheveux ras, le regard « fixe et peut-être sous l’influence de la drogue », ouvrir la porte de son véhicule alors à l’arrêt. « Je lui ai demandé : ‘Qu’est-ce que tu veux de moi ?’ Mais il n’a pas dit un mot. Je lui ai reposé la question, et il m’a tiré hors du camion », narre le routier, qui dit avoir couru derrière son engin.

Le nez et les mains en sang, pantalon déchiré, le suspect a été entouré après la collision par un groupe de policiers en plein jogging, venus lui administrer les premiers soins, raconte DPA. Mais en l’entendant prononcer plusieurs fois le mot « Allah », le petit groupe a décidé de le maîtriser, avant de le remettre aux forces d’intervention spéciales, selon la police. Interrogé sur l’éventualité d’un attentat visant cette ville de 35 000 habitants proche de Francfort, le ministre de l’Intérieur Horst Seehofer a indiqué ne pouvoir « rien dire, à ce stade, sur la façon dont cet acte doit être qualifié ».

LQ/AFP

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