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Affaire Romand : le faux docteur, meurtrier de sa famille, sera-t-il libéré ?


Jean-Claude Romand à son procès en 1996, à l'issue duquel il a été condamné à la perpétuité. (photo archives AFP)

Le tribunal d’application des peines devait examiner mardi la première demande de libération conditionnelle du faux médecin Jean-Claude Romand, condamné à la perpétuité pour le meurtre de sa famille en 1993. L’audience a toutefois été renvoyée pour permettre des « vérifications complémentaires ».

« Le tribunal de l’application des peines a décidé de renvoyer l’examen de la demande de M. Romand à une date ultérieure, à ce jour non fixée », a confirmé dans un communiqué la procureure de la République de Chateauroux, Stéphanie Aouine. « Il est, en effet, apparu nécessaire à la juridiction et aux différents intervenants de faire procéder à des vérifications complémentaires afin de pouvoir débattre, le plus complètement possible et en temps utile, du projet présenté », a justifié la magistrate.

En fin de matinée, Jean-Louis Abad, l’avocat de Jean-Claude Romand qu’il avait défendu à son procès aux assises de l’Ain en 1996, avait déjà annoncé ce renvoi. L’affaire « a été renvoyée parce qu’il reste un point à vérifier. Ne me demandez pas lequel, vous le saurez en temps utile », avait-il indiqué.

Âgé de 64 ans, Jean-Claude Romand, surnommé le « docteur Romand » parce qu’il était parvenu pendant plus de 15 ans à mentir à son entourage, en se faisant passer pour un médecin de l’Organisation mondiale de la Santé, avant d’assassiner cinq membres de sa famille, a été condamné à la perpétuité en 1996. Une affaire hors norme qui a inspiré cinéma et littérature, notamment L’adversaire, de l’écrivain Emmanuel Carrère (2000), adapté pour le théâtre en 2016 et au cinéma en 2002 par Nicole Garcia, avec Daniel Auteuil.

« Mythomane, narcissique, manipulateur »

Ayant purgé sa peine de sûreté de 22 ans, Jean-Claude Romand est théoriquement libérable depuis 2015. Décrit à son procès par les psychiatres comme un « mythomane » atteint « d’une pathologie narcissique », le faux médecin de l’OMS, qui vivait en escroquant des proches (dont son père) qui lui avaient confié leurs économies pour, disait-il, les placer en Suisse, avait été condamné pour cinq meurtres prémédités.

Alors que la vérité menace d’éclater, le 9 janvier 1993, Romand tue de sang froid sa femme, sa fille de sept ans et son fils de cinq ans à Prévessin-Moëns (Ain), puis ses parents à Clairvaux-les-Lacs (Jura). Il rentre chez lui, met le feu à sa maison, avale des barbituriques, et rate son suicide.

Le comportement de Romand à Saint-Maur joue en faveur de sa libération conditionnelle. C’est un détenu qui « ne pose aucun problème, tout à fait gérable » et qui n’a « pas de passé disciplinaire », avait indiqué l’Administration pénitentiaire début septembre. Mais comme pour n’importe quel détenu, « la question numéro un est : est-ce qu’il peut être un danger pour la société s’il sort, et est-ce qu’il a compris le sens de sa peine ? », avait souligné l’Administration.

Une source qui a longtemps côtoyé Romand à Saint-Maur se souvient d’un détenu « calme », « très posé », « assez solitaire », « toujours très poli ». Il avait accepté un travail en prison. Il se rendait à des ateliers où son travail consistait à monter et restaurer des bandes sonores d’archives. Mais sa personnalité appelle la vigilance : « Il a pu cacher son histoire toutes ces années, il n’est pas impossible que pour sa demande, il monte un scénario tout beau, tout rose, vu le manipulateur qu’il est », commente cette source.

LQ/AFP