Lors de l’opération des secours le 4 octobre 2016 à la suite d’une collision sur l’A1, des conducteurs avaient sorti leur téléphone portable avec leur appareil photo. Leur procès a eu lieu mardi matin.
« Personne n’a encore sauvé une vie en faisant une photo. » Les faits qui ont fait l’objet de la plainte de la police remontent au 4 octobre 2016. Vers 14h50, trois poids lourds s’étaient encastrés les uns dans les autres sur l’A1, à hauteur de la bretelle menant à l’A7. Un chauffeur routier avait dû être désincarcéré de sa cabine. Pour l’opération de secours, un hélicoptère s’était posé sur l’autoroute. De l’autre côté, c’est un véritable bouchon de curiosité qui s’était formé.
«J’étais à peine arrivé sur les lieux de l’accident qu’il y avait un énorme bouchon, se souvient un porte-parole de la police. Les premiers secouristes ont ainsi dû sauter par-dessus la glissière de sécurité.» L’opération de secours avait pris une quarantaine de minutes. Voyant toute une série d’automobilistes prendre des photos de l’accident de l’autre côté des voies, il avait décidé de les prendre en photo avec leur plaque d’immatriculation. Et il avait porté plainte au nom de la police. «Tous les jours, la police est confrontée à des curieux. Lors d’un accident, elle a d’autres priorités que de distribuer des avertissements taxés», s’est-il expliqué lors du procès.
Amende et interdiction de conduire requises
Sur les sept prévenus de cette affaire, seuls cinq, âgés entre 30 et 53 ans, étaient présents devant le tribunal de police : trois chauffeurs professionnels, un employé de banque et une femme au foyer. Tous reconnaissent avoir sorti leur portable en passant l’accident. L’un indique ainsi avoir voulu photographier l’hélicoptère pour le montrer plus tard à son fils, un autre voulait juste prévenir son fils de l’accident… Deux contestent toutefois avoir pris des photos. Ils auraient juste voulu passer un coup de fil au travail. Or le parquet leur reproche en premier lieu d’avoir «utilisé un équipement téléphonique». Qu’il y ait eu des photos ou pas, cela n’a pas d’importance. Car ils ont lâché le volant d’au moins une main pour manipuler leur portable alors que leur véhicule était en mouvement.
Seuls deux prévenus étaient assistés d’un avocat. Me Marc Kerger a dénoncé l’irrégularité de la preuve dans ce dossier. «Il n’y a aucune disposition légale qui permet au témoin (NDLR : le policier) de prendre en photo les conducteurs. Les photos sont le fruit d’infractions pénales», a-t-il estimé avant de demander l’acquittement. Même son de cloche du côté du second avocat. Ce dernier a aussi dénoncé le fait que la police a remis les photos de son client à son employeur pour l’identification. À la suite de quoi, il avait perdu son travail pour plusieurs mois.
«Les photos de personnes en train de commettre des infractions ont été prises sur la voie publique», a rétorqué le substitut, balayant par là le moyen soulevé par la défense. Le parquet a requis une interdiction de conduire de trois mois et l’amende maximale, soit 250 euros, à l’égard des six prévenus. À noter que la prévenue absente sera jugée par défaut. Et le septième prévenu, qui n’a pas été cité pour ce procès, sera jugé séparément.
Prononcé le 19 décembre.
Fabienne Armborst