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Abus sexuels : un ex-prof au tribunal


Quatre audiences sont prévues pour ce procès.(Photo : Fabienne Armborst)

L’affaire avait éclaté au grand jour à l’automne 2016 lorsque le quadragénaire travaillant au LTB avait été placé en détention préventive. Le prévenu est poursuivi pour avoir couché avec une dizaine de garçons âgés de 15 à 17 ans rencontrés sur internet. Il aurait aussi payé certains d’entre eux. Son procès s’est ouvert lundi après-midi devant la 9e chambre criminelle.

«Il a eu des contacts sexuels avec 13 mineurs. Dix d’entre eux ont été rétribués avec de l’argent. Dix mineurs ont aussi reçu des photos à caractère pornographique du prévenu.» Pour l’enquêteur, aucun doute que le prévenu, âgé aujourd’hui de 46 ans, «cherchait à assouvir sa libido. Peu importe les mineurs…».

C’est mi-mars 2016 que la section protection de jeunesse de la police judiciaire avait été saisie de l’affaire. Des parents d’un adolescent de 17 ans voyant ce dernier rentrer tard le soir et se retirer dans sa chambre sans leur répondre s’étaient inquiétés. Sur son portable, la mère avait découvert des messages montrant qu’il s’adonnait à la prostitution.

Les messages douteux provenaient d’un contact que le mineur avait sauvegardé dans son répertoire sous le nom de «prof». L’analyse approfondie de ses portables par la police avait établi que l’adolescent – alors qu’il n’avait pas atteint l’âge de 18 ans – s’était inscrit sur une plateforme de rencontres homos. Rapidement, celui qu’il appelait le «prof» l’avait contacté et lui avait proposé 150 euros «pour la baise». Le mineur ne connaissait pas son nom exact, mais il avait noté sa plaque d’immatriculation. Grâce à cet indice, la police avait pu identifier la personne. Il s’agissait d’un prof travaillant au lycée technique de Bonnevoie (LTB) et qui y était aussi attaché de direction à l’époque.

«Style pervers»

Une perquisition avait eu lieu au domicile du quadragénaire. «C’est vrai que je paie des majeurs pour le sexe, mais pas des mineurs», s’était-il défendu face à la police. Mais l’enquête avait également mis au jour une flopée de conversations avec des mineurs. «Il n’y avait jamais de longues discussions, il passait directement au sujet : le sexe», note l’enquêteur qui relève son «style pervers». «Je craque pour les jeunes entre 17 et 22 ans», avait-il, par ailleurs, écrit.

L’âge des adolescents dont il avait fait connaissance sur le site de rencontres variait entre 15 et 17 ans. Le hasard avait voulu qu’également un élève du LTB avait reconnu son prof sur le site de rencontres. Mais il avait refusé toute rencontre avec le prof.

Confronté aux différents messages, le quadragénaire avait repoussé la faute aux mineurs. En gros, s’ils n’avaient pas été sur le site pour adultes, il ne les aurait jamais rencontrés… Certains adolescents lui auraient aussi demandé de l’argent. Enfin, il était convaincu qu’il n’aurait pas de fait de mal aux jeunes. Une position que l’enquêteur ne partage pas.

Une victime s’est suicidée

«Avec lui, certains jeunes ont eu l’idée d’offrir leur corps contre de l’argent.» Un jeune s’est même suicidé en juin 2019. En février 2019, après avoir déposé plainte pour viol à la police de Differdange, ce dernier avait confié à l’enquêteur que ce qui s’était passé le travaillait beaucoup. Il avait raconté avoir revu le quadragénaire à sa sortie de détention préventive. «Il a fait de moi un homme qui se prostitue.» Me Michel Karp, représentant les parents et les frère et sœurs de la victime, s’est constitué partie civile. Il réclame au total de 320 000 euros de dommages et intérêts.

On n’aura pas entendu le prévenu de 46 ans, lundi. Son audition doit avoir lieu ce mardi après-midi après celle de l’expert en neuropsychiatrie. «J’aimerais qu’il explique d’abord certaines choses», a indiqué le quadragénaire à la présidente quand elle l’a appelé à la barre.

Auparavant, son avocat Me Sébastien Lanoue avait demandé à la chambre criminelle de saisir le Cour de justice de l’Union européenne pour deux questions préjudicielles. Le parquet s’y est opposé. «Chaque fois qu’il y a un dossier où un majeur a couché avec un mineur, on vient avec la CEDH. Cela ne vaut ni une question préjudicielle ni une note de 14 pages. Cela a déjà été tranché à deux reprises», a appuyé le substitut principal Laurent Seck. «Un mineur de moins de 16 ans ne peut consentir à des relations sexuelles.»

Le prévenu est non seulement poursuivi pour viols, mais aussi entre autres pour avoir incité les mineurs à la débauche et à la prostitution.

Fabienne Armborst

Un commentaire

  1. Ce pédocriminel n’a pas « couché avec une dizaine de garçons âgés de 15 à 17 ». Il a abusé des mineurs! En utilisant ce vocabulaire, vous banalisez les violences sexuelles sur mineurs. Un mineur n’est jamais consentant de contacts sexuels avec un adulte, il s’agit de violences dans le sens où il y a une contrainte morale.