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Volte-face de l’Allemagne qui va livrer des blindés à l’Ukraine


"Nous avons décidé que l'Allemagne allait livrer des chars antiaériens Guepard à l'Ukraine", a déclaré la ministre Christine Lambrecht à l'occasion d'une réunion organisée par les États-Unis sur la base américaine de Ramstein, dans l'ouest du territoire allemand. Photo AFP

L’Allemagne va autoriser la livraison à l’Ukraine de blindés de type « Guepard », a annoncé mardi la ministre de la Défense, ce qui constitue un tournant majeur dans la politique prudente suivie jusqu’ici par Berlin dans son soutien militaire à Kiev.

« Nous avons décidé que l’Allemagne allait livrer des chars antiaériens Guepard à l’Ukraine », a déclaré la ministre Christine Lambrecht à l’occasion d’une réunion organisée par les États-Unis sur la base américaine de Ramstein, dans l’ouest du territoire allemand.

La cinquantaine de chars, spécialisés dans la défense antiaérienne, ne proviendront pas directement de l’armée allemande, mais des stocks détenus par le groupe d’armement Krauss-Maffei Wegmann (KMW), ont dit des sources gouvernementales.

Ils ont été retirés du service il y a 10 ans et doivent subir une mise à jour technique, ont précisé ces mêmes sources. Le secrétaire d’État américain à la Défense Lloyd Austin a salué une décision « particulièrement bienvenue », à l’issue de la réunion à laquelle ont participé une quarantaine de pays dans le but de coordonner l’aide militaire à l’Ukraine.

Selon lui, l’Ukraine « peut gagner » face à la Russie si on lui en donne les moyens. La France a d’ores et déjà annoncé qu’elle envoyait des canons Caesar d’une portée de 40 kilomètres et le Royaume-Uni a donné des missiles antiaériens Starstreak et des blindés.

Pression parlementaire

Le chancelier allemand Olaf Scholz a été sévèrement mis en cause ces dernières semaines par ses voisins d’Europe centrale et de la Baltique, comme au sein de sa coalition, pour son refus de livrer des armes lourdes réclamées par Kiev et son leadership jugé insuffisant sur la scène diplomatique.

Les groupes parlementaires des trois partis au pouvoir -sociaux-démocrates, Verts et libéraux- se sont ainsi entendus mardi pour demander au chef du gouvernement d’accélérer l’approvisionnement de l’Ukraine en armes lourdes, selon un projet de motion au Bundestag.

Les groupes du SPD, des Verts et du FDP vont demander cette semaine au gouvernement de « poursuivre et, si possible, d’accélérer la livraison de l’équipement nécessaire à l’Ukraine et d’étendre également la livraison aux armes lourdes et aux systèmes complexes, par exemple dans le cadre de l’échange circulaire » impliquant d’autres pays européens, selon ce projet de motion.

La ministre de la Défense a défendu mardi les choix du gouvernement : « dans un premier temps, nous avons fourni à l’Ukraine de grandes quantités d’armes provenant des stocks de l’armée allemande, comme des bazookas et des missiles antiaériens », a-t-elle rappelé.

L’Allemagne « paie »

« Nous devons cependant constater que les capacités de la Bundeswehr (l’armée allemande) sont limitées », après des « décennies d’économies », a-t-elle admis.

Le principe désormais, a expliqué Mme Lambrecht, est que l’Ukraine « passe commande » auprès des groupes industriels et que « l’Allemagne paie ». Les fonds destinés à l’amélioration des capacités militaires ukrainiennes vont ainsi être portés à deux milliards d’euros, a confirmé la ministre.

L’Allemagne avait aussi annoncé la semaine dernière qu’elle allait livrer des chars à la Slovénie afin que ce pays de l’ex-Yougoslavie puisse transférer ses propres blindés de fabrication soviétique à l’Ukraine. Ce type d’échange circulaire pourrait être discuté avec d’autres pays d’Europe de l’Est.

Le chancelier Scholz a jusqu’ici expliqué sa politique prudente en matière d’armements lourds par le souci d’éviter une confrontation directe entre l’Otan et la Russie, puissance nucléaire.

« L’Allemagne a été critiquée. Mais les chiffres disent autre chose », a plaidé Mme Lambrecht mardi, rappelant notamment les investissements massifs dans la défense annoncés par l’Allemagne fin février.

Un commentaire

  1. It is about time !