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Virus en Chine : pire bilan quotidien des décès, au tour des Français de partir


Le nombre de personnes infectées dépasse largement celui de l'épidémie du Sras en 2002 et 2003. (Photo AFP)

Le bilan de l’épidémie de pneumonie virale s’est alourdi à 170 morts jeudi en Chine après un bond sans précédent du nombre quotidien de décès, tandis qu’après les Américains et les Japonais c’est au tour des Français de partir de Wuhan, coupée du monde depuis une semaine.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a appelé le « monde entier à agir » face au nouveau coronavirus, tiendra jeudi une réunion pour déterminer si l’épidémie « constitue une urgence de santé publique de portée internationale ». Les autorités chinoises ont fait état jeudi matin de 38 décès sur les 24 heures précédentes, soit la plus forte progression quotidienne depuis le début de l’épidémie en décembre, portant le bilan à 170 morts. Le nombre de patients contaminés a bondi à environ 7 700 en Chine continentale (hors Hong Kong), dépassant désormais largement le nombre (5 327) de personnes infectées en 2002 et 2003 par l’épidémie du Sras (Syndrome respiratoire aigu sévère).

Au moins 250 français rapatriés 

Ce coronavirus avait alors fait 774 morts dans le monde, dont 349 en Chine continentale. Wuhan, la métropole du centre de la Chine d’où est partie l’épidémie, est désormais coupée du monde depuis une semaine, tout comme la quasi-totalité de la province environnante du Hubei. Alors que ce cordon sanitaire draconien, imposé le 23 février, interdit à quelque 56 millions d’habitants de quitter la région, les Etats-Unis et le Japon ont organisé mercredi des opérations pour évacuer une partie de leurs ressortissants. C’est à présent au tour de Paris: un premier avion français est parti dans la nuit de mercredi à jeudi entre 3H00 et 4H30 à destination de Wuhan, selon des sources concordantes. Selon une source proche du dossier, l’avion devrait revenir vendredi avec 250 personnes mais l’aéroport d’arrivée, l’horaire et le lieu de la quarantaine de 14 jours ne sont pas encore définis et évolueront « en fonction de la situation sur place ». Un second est prévu « plus tard dans la semaine », selon la Commission européenne. Les deux appareils pourraient rapatrier au total au moins 250 Français et plus de 100 ressortissants d’autres pays européens.

D’autres pays planifient des opérations similaires: l’Italie a annoncé l’envoi d’un avion jeudi, Berlin prévoit l’évacuation de quelque 90 Allemands « dans les prochains jours » et le Canada va également affréter un avion. Australie et Royaume-Uni envisagent également des évacuations. La Nouvelle-Zélande a annoncé jeudi qu’elle affréterait un avion de 300 places. Dans le même temps, 195 Américains arrivés mercredi matin sur une base militaire californienne ont été examinés. Aucun ne présente les symptômes du virus, mais tous y resteront en quarantaine pendant 72 heures. En revanche, parmi les 206 Japonais rapatriés mercredi à Tokyo, trois ont été contaminés. Ces trois cas s’ajoutent aux huit déjà recensés précédemment dans l’archipel. Si l’essentiel des contaminations ont été détectées en Chine continentale, une quinzaine d’autres Etats sont également touchés, avec au total environ 80 cas confirmés — dont un cinquième cas en France mercredi. « Le monde entier doit être en alerte, le monde entier doit agir », a insisté mercredi Michael Ryan, directeur des programmes d’urgence de l’OMS.

Des vols vers la Chine suspendus

Signal inquiétant: des transmissions interhumaines ont été enregistrée dans trois pays en dehors de Chine — en Allemagne, au Japon et au Vietnam. Dans ce contexte, les mesures de précaution se durcissent au niveau international: des compagnies aériennes comme British Airways, l’allemande Lufthansa, l’espagnole Iberia, ou encore l’indonésienne Lion Air (qui exploite la plus grande flotte aérienne d’Asie du Sud-Est) ont annoncé la suspension de leurs vols vers la Chine continentale. Et ce après que plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, l’Allemagne et les Etats-Unis, y ont déconseillé tout voyage. Quant à la Russie, elle va fortement limiter ses liaisons ferroviaires, ne maintenant en service que la ligne Pékin-Moscou. Wuhan, où la circulation des véhicules non essentiels est interdite, gardait des allures de ville fantôme: « C’est le premier jour que je sors depuis le début du confinement. Pas d’autre choix: il fallait que j’achète à manger », confiait mercredi un des rares piétons à s’aventurer dans les rues.

Dans le reste de la Chine, où les congés du Nouvel an lunaire ont été prolongés jusqu’au 2 février, la plupart des habitants, effrayés, désertent centres commerciaux, cinémas et restaurants. Après l’annulation de plusieurs compétitions sportives internationales, dont les épreuves de Coupe de monde de ski alpin, la Chine a annoncé jeudi le report de sa saison 2020 de football. Au-delà du secteur aérien, l’épidémie génère une « incertitude » pour l’économie mondiale, a averti mercredi le président de la banque centrale américaine (Fed), Jerome Powell. Un constat que font également les multinationales, des constructeurs automobiles aux sous-traitants de l’industrie électronique, alors que de nombreuses entreprises et usines chinoises resteront fermées jusqu’au 9 février au moins. Les secteurs du luxe et du tourisme pourraient être, eux, plombés par la chute du nombre de voyageurs chinois.

AFP/LQ