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Violences des gangs : le Premier ministre d’Haïti démissionne


(Photo : AFP)

Le Premier ministre haïtien Ariel Henry, contesté et confronté à une vague de violences des gangs dans son pays, a démissionné lundi, ont annoncé le président de la Communauté des Caraïbes (Caricom) et un responsable américain.

« Nous prenons acte de la démission du Premier ministre Ariel Henry », a déclaré Mohamed Irfaan Ali, président du Guyana et de la Caricom, lors d’une conférence de presse à l’issue d’une réunion en Jamaïque consacrée à la crise en Haïti.

Il s’est dit « heureux » d’annoncer « un accord de gouvernance transitoire ouvrant la voie à une transition pacifique du pouvoir, à la continuité de la gouvernance, à un plan d’action à court terme en matière de sécurité et à des élections libres et équitables ».

Les pays des Caraïbes s’étaient réunis d’urgence lundi en Jamaïque, à l’initiative de la Caricom, avec des représentants de l’ONU et de plusieurs pays, dont la France et les États-Unis, pour tenter d’avancer sur une solution en Haïti.

Port-au-Prince a continué ce week-end à s’enfoncer dans les violences liées aux gangs qui réclamaient la démission d’Ariel Henry, tout comme une partie de la population.

Bloqué sur le territoire américain de Porto Rico après avoir été empêché de rentrer dans la capitale haïtienne, Henry a échangé à distance avec les membres de la Caricom au cours de la réunion.

Henry a confirmé sa démission lors d’un échange téléphonique lundi avec le secrétaire d’État Antony Blinken, qui se trouvait en Jamaïque, selon un responsable américain.

Il est le bienvenu s’il veut rester à Porto Rico, a ajouté ce responsable.

Sans président ni parlement – le dernier chef d’État, Jovenel Moïse, a été assassiné en 2021 – Haïti n’a connu aucune élection depuis 2016. Henry, nommé par Jovenel Moïse, aurait dû quitter ses fonctions début février.

Début mars, il a signé un accord à Nairobi pour permettre l’envoi de policiers kényans en Haïti et cherchait depuis à regagner son pays.

Le président du Guyana avait prévenu il y a quelques jours que la Caricom entendait aider à rétablir « stabilité et normalité » en Haïti, qualifiant la situation sur place de « désespérée ».

État d’urgence et couvre-feu

La capitale haïtienne est le théâtre d’affrontements entre policiers et bandes armées, qui s’en prennent à des sites stratégiques comme le palais présidentiel, des commissariats et des prisons.

Dernier signe en date de la crise sécuritaire, l’évacuation lundi de l’ensemble du personnel de l’Union européenne présent en Haïti.

Dans la nuit de samedi à dimanche, les Américains ont évacué par hélicoptère leur personnel diplomatique non essentiel.

Les autorités haïtiennes ont décrété il y a une semaine l’état d’urgence, assorti d’un couvre-feu nocturne, dans le département de l’Ouest, qui comprend la capitale, mais elles ne contrôlent pas entièrement ce territoire.

Ce couvre-feu a été prolongé lundi jusqu’à jeudi, selon un communiqué des autorités.

D’après plusieurs diplomates, la réunion de Kingston avait pour but de formaliser une proposition à Ariel Henry, afin qu’il cède le pouvoir à un conseil de transition comprenant un vaste panel de la société civile haïtienne.

Lundi, le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé tous les acteurs politiques haïtiens à des « négociations sérieuses » pour « rétablir les institutions démocratiques » du pays.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a annoncé après la réunion en Jamaïque que les États-Unis fourniraient 133 millions de dollars supplémentaires pour résoudre la crise, dont 100 millions à la force multinationale devant être envoyée en Haïti, et 33 millions d’aides humanitaire.

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau, présent virtuellement lors des discussions, avait offert peu avant quelque 91 millions de dollars.