Donald Trump a remporté jeudi une victoire d’étape à la Chambre des représentants pour son projet de réforme « historique » de la fiscalité, mais la prochaine étape, au Sénat, s’annonce plus imprévisible.
La chambre basse du Congrès, dominée par les républicains, a adopté par 227 voix contre 205 la proposition de loi, qui réduirait les impôts des entreprises et de la plupart des ménages dès 2018. L’opposition démocrate a unanimement voté contre, ainsi que 13 élus républicains.
« Félicitations », a tweeté le milliardaire. « Un grand pas pour tenir notre promesse de donner une baisse d’impôts historique aux Américains avant la fin de l’année ! »
« Voter cette loi est la chose la plus importante que nous pouvons faire pour retrouver la croissance (…) et aider les familles de la classe moyenne qui ont du mal », a déclaré Paul Ryan, le président de la Chambre, dont c’est le cheval de bataille depuis des années. Selon lui, une famille moyenne de quatre personnes gagnera 1.182 dollars de pouvoir d’achat annuel.
Peu avant le vote, Donald Trump était venu en personne au Capitole pour y rencontrer le groupe majoritaire, les enjoignant de rester unis afin de tenir l’une des deux grandes promesses électorales du parti républicain: baisser les impôts.
Le milliardaire reste hanté par l’échec de l’autre grande promesse de sa campagne, l’abrogation de la loi sur la santé de Barack Obama, en septembre.
« A vous de jouer »
Paraphrasant son message aux élus, le parlementaire Don Bacon a dit que Donald Trump leur avait lancé en substance: « c’est votre chance de passer de médiocre à excellent, à vous de jouer aujourd’hui ».
Mais la victoire est encore loin d’être garantie, car une poignée de républicains menacent de faire défection de l’autre côté du Capitole, au Sénat… Le parti républicain, qui a tous les pouvoirs à Washington, joue sa crédibilité.
« Si on échoue, on est morts », a résumé sans détour le sénateur Lindsey Graham. « Ce sera probablement la fin du parti », a-t-il prédit sur Fox News.
L’objectif est d’adopter la refonte de la fiscalité avant la fin de l’année, afin que les Américains commencent 2018 avec un nouveau code des impôts.
La réforme baisserait l’impôt sur les sociétés de 35% à 20%, et réduirait également l’impôt sur le revenu des particuliers. Une grande simplification serait actée, avec la suppression de multiples déductions fiscales, et la promesse, pour 90% des contribuables, de pouvoir remplir leur déclaration sur « une carte postale », au lieu des logiciels payants ou des comptables auxquels la plupart des Américains ont actuellement recours.
Avant Noël
La minorité démocrate est opposée à cette réforme qu’elle accuse de profiter largement aux riches et aux entreprises. Mais les démocrates ne peuvent à eux seuls barrer la route à ce texte.
Dans la majorité, il existe des dissensions sur les priorités de la réforme, trop favorable aux grandes entreprises pour certains, trop défavorable aux ménages propriétaires pour d’autres, trop coûteuse pour les plus conservateurs… Si un équilibre semble avoir été trouvé à la Chambre, les arbitrages ne sont pas fixés au Sénat, le véritable goulot d’étranglement du Congrès.
Les sénateurs discutent actuellement en commission, et voteront en plénière sur leur propre version de la loi après la fête de Thanksgiving, soit à partir du 27 novembre.
Avec 52 sièges sur 100, les sénateurs républicains ne peuvent se permettre plus de deux défections. Un, Ron Johnson, a déjà annoncé son opposition en l’état.
L’inclusion à la dernière minute d’un article détricotant un volet d’Obamacare (l’obligation universelle de souscrire une couverture maladie) pourrait pousser d’autres vers le non.
Les regards sont fixés sur les quelques sénateurs qui ont défié ces derniers mois le président Donald Trump, notamment Susan Collins, John McCain, Bob Corker et Jeff Flake – ces deux derniers ne craignant plus de représailles, car ils prendront leur retraite politique l’an prochain.
Si le Sénat vote positivement, les deux chambres devront ensuite négocier et adopter un texte identique. « Avant Noël », assurait jeudi l’élu républicain Tom Cole.
Le Quotidien/ AFP