Après des mois d’invectives, l’heure du face-à-face a sonné: Donald Trump et Joe Biden se retrouvent mardi ensemble sur scène à 35 jours d’une élection présidentielle américaine sous très haute tension. Des dizaines de millions d’Américains auront les yeux rivés sur leurs écrans pour ce premier débat entre le président républicain, 74 ans et l’ancien vice-président démocrate, 77 ans.
Si leur impact sur le scrutin reste souvent limité, ces rendez-vous sont des moments forts de la campagne électorale, depuis le premier tête-à-tête télévisé organisé il y a 60 ans, à Chicago, entre John F. Kennedy et Richard Nixon. À Cleveland, dans l’Ohio, un État clé susceptible de basculer d’un côté ou de l’autre, les deux hommes se retrouveront sur scène pendant 90 minutes, sous l’œil du journaliste de Fox News, Chris Wallace, figure respectée dans les deux camps.
Covid-19 oblige, aucune poignée de main n’est prévue pour ce duel qui débutera à 21 h (soit 3h au Luxembourg mercredi) devant un public restreint. Distancé dans les sondages depuis de longues semaines, Donald Trump espère une bonne soirée – ou un spectaculaire faux-pas de son adversaire démocrate – pour se relancer. À l’approche du scrutin du 3 novembre, il redoute de devenir le premier président à ne pas être réélu depuis plus d’un quart de siècle (défaite de George H. W. Bush face à Bill Clinton en 1992). Le Covid-19, la Cour suprême, l’économie, les questions raciales, les bilans des deux candidats ainsi que « l’intégrité du scrutin » feront partie des sujets au menu.
Après les révélations explosives du New York Times, le patrimoine de Donald Trump et sa situation fiscale devraient également figurer en bonne place dans les échanges qui pourraient être explosifs. Mais les petites phrases et le langage corporel des deux hommes sera scruté avec attention. Depuis des semaines, le locataire de la Maison-Blanche moque les capacités physiques et mentales de « Sleepy Joe » (« Joe l’endormi »), le présentant comme une marionnette manipulée par la « gauche radicale ». Tout sépare les deux candidats septuagénaires. Donald Trump s’est présenté une fois, en 2016, et a créé la plus grande surprise de l’histoire politique moderne.
Trump a demandé un contrôle antidopage pour Biden
Entré en politique il y un demi-siècle, Joe Biden, sénateur puis vice-président, espère que sa troisième tentative pour la Maison-Blanche (il s’était déjà présenté aux primaires démocrates en 1988 et 2008) en sera la bonne. La force de l’ancien homme d’affaires ? Sa capacité à surprendre, casser les codes, imposer ses propres règles, son propre style. « C’est un débatteur à part, il n’y a pas vraiment de recette pour l’affronter », explique Aaron Kall, enseignant à l’université du Michigan et auteur d’un livre intitulé Debating The Donald. Dans camp de Joe Biden, on table sur son expérience, son sens de l’empathie. « Les Américains vont voir à quoi ressemble un président », a assuré sa femme Jill Biden. « Calme, constant, fort, résistant. » Mais la crainte d’une gaffe hante le camp démocrate, tant ce vieux lion de la politique est habitué du genre.
À l’approche du grand rendez-vous, Donald Trump a de nouveau formulé une étrange demande sur le mode mi-humoristique mi-provocateur qu’il affectionne : un contrôle antidopage pour Joe Biden. Ce dernier s’est refusé à tout commentaire dimanche. Mais son équipe a envoyé une réponse cinglante à cette demande. « Si le président pense que la meilleure façon de présenter ses arguments c’est par l’urine, alors qu’il ne se gêne pas », a déclaré la directrice de communication du candidat démocrate, Kate Bedingfield. La stratégie n’a rien de nouveau. Il y a quatre ans, Donald Trump avait formulé exactement la même demande face… à Hillary Clinton.
Les deux autres débats présidentiels sont prévus les 15 et 22 octobre, respectivement à Miami, en Floride, et à Nashville, dans le Tennessee. Le vice-président républicain Mike Pence affrontera la colistière de Joe Biden, la sénatrice et ex-procureure Kamala Harris, le 7 octobre à Salt Lake City, dans l’Utah.
LQ/AFP