Hubert Zafke, ancien infirmier d’Auschwitz âgé de 95 ans, en poste lors de l’arrivée du convoi d’Anne Frank, était absent lundi à l’ouverture de son procès en Allemagne qui a été suspendu en raison d’un différend sur la santé de l’accusé.
L’audience s’est ouverte vers 09H00 GMT en l’absence d’Hubert Zafke, face à une salle d’une centaine de places réservées pour moitié à la presse, et cernée par une dizaine de caméras, a constaté un journaliste. Hubert Zafke a été examiné dimanche par un médecin, qui a «fait état de pensées suicidaires, d’une réaction de stress et d’hypertension», concluant qu’il n’était «pas en état» d’être transporté ni d’être jugé, a expliqué d’emblée le président du tribunal, Klaus Kabisch.
Les parties civiles, qui dénonçaient avant même le procès le peu d’empressement du tribunal à juger M. Zafke, et avaient demandé aux côtés du parquet la récusation des magistrats, ont aussitôt réclamé une contre-expertise médicale.
L’audience a été suspendue, après des échanges tendus et sarcastiques entre les parties civiles et le président, en attendant que le tribunal délibère sur cette demande. L’aptitude médicale de l’accusé à être jugé est la grande inconnue de ce procès, le tribunal ayant dans un premier temps conclu à son incapacité avant d’être contredit en appel.
Cet ancien SS doit répondre de complicité dans l’extermination d’au moins 3.681 hommes, femmes et enfants juifs gazés dès leur arrivée dans le camp emblématique de la Shoah, entre le 15 août et 14 septembre 1944. Il encourt à ce titre trois à quinze ans d’emprisonnement, une menace essentiellement symbolique vu son âge.
«Ce procès montre que la justice a parfois besoin de beaucoup de temps pour trouver son chemin», a estimé Christoph Heubner, vice-président exécutif du Comité international d’Auschwitz, devant le tribunal. «J’attends que l’accusé s’exprime dans la mesure où il peut le faire et qu’il rompe le silence qu’il a observé pendant toute sa vie’, a-t-il conclu.
Hubert Zafke est le deuxième ancien SS à comparaître cette année en Allemagne, après l’ancien gardien d’Auschwitz Reinhold Hanning, jugé depuis le 11 février à Detmold (ouest), et avant une autre ex-sentinelle du même camp, Ernst Tremmel, 93 ans, jugé à partir du 13 avril à Hanau (ouest). Une ancienne télégraphiste d’Auschwitz, Helma Kisser, 92 ans, a aussi été mise en accusation fin 2015, mais la tenue d’un procès reste conditionnée à l’évaluation de son état de santé.
AFP