Le ministre russe de la Défense a ordonné ce mercredi le retrait des forces russes de la rive droite du fleuve Dniepr dans la région ukrainienne de Kherson, qui inclut la capitale régionale du même nom, cible d’une vaste contre-offensive ukrainienne.
« Procédez au retrait des soldats », a dit à la télévision Sergueï Choïgou, après une proposition en ce sens du commandant des opérations russes en Ukraine, le général Sergueï Sourovikine, qui a reconnu qu’il s’agissait d’une décision « pas du tout facile » à prendre. « Les manœuvres (de retrait) des soldats vont commencer très rapidement », a assuré le général.
Ce retrait constitue un nouveau revers cinglant pour le Kremlin, Kherson ayant constitué la principale prise russe, après la conquête de la ville dans les premiers jours de l’offensive contre l’Ukraine. Il s’agit de la seule capitale régionale dont Moscou a pu revendiquer la conquête. Selon le général Sourovikine, la Russie va réorganiser sa ligne sur l’autre rive du Dniepr, barrière naturel qui coule au sud de la ville de Kherson.
Ce repli s’ajoute à celui de la région du Kharkiv en septembre. Il intervient un peu plus d’un mois après que Vladimir Poutine a revendiqué l’annexion de la région de Kherson et de trois autres régions ukrainiennes. Moscou considère comme l’ensemble de ces zones comme son territoire souverain.
Des pertes considérables
La région de Kherson est d’autant plus stratégique que son territoire est frontalier de la Crimée, péninsule ukrainienne annexée par Moscou en 2014. Le général Sourovikine avant de proposer le retrait, a justifié la nécessité du retrait par sa volonté de protéger les vies des soldats russes, et accusé les forces ukrainiennes de bombarder des civils.
Avant de proposer ce retrait de Kherson, le gradé avait pourtant affirmé que ses troupes repoussaient avec succès les assauts ukrainiens, leur infligeant des pertes considérables. « Nous résistons avec succès aux tentatives d’assauts de l’adversaire », a-t-il assuré, revendiquant avoir tué ou blessé 9 500 soldats ukrainiens et soutenant que les pertes russes étaient sept ou huit fois moindres. « Nous pensons avant tout à la vie de chaque soldat russe », a-t-il dit.
Depuis plusieurs semaines, la Russie procédait à l’«évacuation» des civils de la rive droite du Dniepr, des transferts de population qualifiés de « déportations » par Kiev. Selon le général Sourovikine, quelque 115 000 personnes ont ainsi rejoint la rive gauche (à l’est) du fleuve.
Avant de lancer à la fin de l’été son offensive terrestre dans le nord de la région de Kherson, les forces ukrainiennes avaient mis hors d’état des ponts clés pour l’approvisionnement des forces russes, notamment grâce aux armements livrés par les Occidentaux, en particulier les Himars américains.