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Ukraine: « enfer » dans le Donbass, aide massive de Washington à Kiev


"Pour nos partenaires, ce ne sont pas juste des dépenses ou un don", a réagi M. Zelensky dans son adresse vidéo dans la nuit de jeudi à vendredi. (Photo : AFP)

Les forces russes accentuent la pression dans le Donbass, dans l’est de l’Ukraine, qu’elles ont transformé en « enfer », a affirmé vendredi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a par ailleurs estimé que l’aide massive annoncée par Washington à Kiev constitue un investissement pour la sécurité de l’Occident.

Le Congrès américain a débloqué jeudi une enveloppe gigantesque de 40 milliards de dollars pour soutenir l’effort de guerre de l’Ukraine face à la Russie. Et les ministres des Finances du G7 ont commencé à faire le compte des milliards que chaque pays pourrait verser à Kiev.

« Pour nos partenaires, ce ne sont pas juste des dépenses ou un don », a réagi M. Zelensky dans son adresse vidéo dans la nuit de jeudi à vendredi. « C’est leur contribution à leur propre sécurité car la protection de l’Ukraine signifie leur propre protection contre de nouvelles guerres et crises que la Russie peut provoquer », a-t-il affirmé.

La nouvelle aide américaine doit notamment permettre à l’Ukraine de s’équiper en blindés et de renforcer sa défense anti-aérienne, à l’heure où la Russie concentre ses efforts dans l’est et le sud du pays après avoir échoué à prendre Kiev et Kharkiv, dans le nord. Moscou cherche notamment à conquérir totalement le Donbass, région russophone partiellement contrôlée depuis 2014 par des séparatistes prorusses.

« Les forces armées ukrainiennes continuent de faire des progrès dans la libération de la région de Kharkiv. Mais les occupants tentent de renforcer davantage la pression dans le Donbass. C’est l’enfer, et ce n’est pas une exagération », a déclaré le président ukrainien.

Severodonetsk écrasée sous les tirs

Les bombardements russes ont fait 12 morts et 40 blessés jeudi à Severodonetsk, dans la région de Lougansk (est), selon le gouverneur local Serguiï Gaïdaï. Il a affirmé que la plupart des tirs avaient touché des immeubles d’habitation, et que le bilan pourrait s’alourdir. Une équipe de l’AFP sur place a constaté que cette cité industrielle était transformée depuis plusieurs jours en champ de bataille et écrasée sous les tirs d’artillerie. « Je ne sais pas combien de temps nous pouvons tenir », a dit Nella Kachkina, 65 ans, ancienne employée de la municipalité aujourd’hui à la retraite.

Severodonetsk et Lyssytchansk constituent la dernière poche de résistance ukrainienne dans la région de Lougansk. Les Russes encerclent ces deux localités, séparées par une rivière, et les bombardent sans relâche. Par ailleurs, les soldats russes ont tué jeudi cinq civils dans la région de Donetsk, également dans le Donbass, selon le gouverneur Pavlo Kyrylenko.

La Russie a annoncé jeudi que près de 800 militaires ukrainiens retranchés dans les entrailles du complexe sidérurgique Azovstal, dans le port de Marioupol, s’étaient rendus au cours des 24 heures précédentes, ce qui porte le total à 1.730 depuis lundi.

Moscou a rendu publiques des images montrant des cohortes d’hommes en tenue de combat émergeant, certains avec des béquilles ou des bandages, après une longue bataille qui était devenue un symbole de la résistance ukrainienne à l’invasion russe à Marioupol. Selon Kiev, cette ville-martyre a été à 90% détruite et au moins 20.000 personnes y ont péri.

Ces soldats, parmi lesquels 80 blessés, « se sont constitués prisonniers », a souligné le ministère russe de la Défense. Kiev n’a pas parlé de reddition. « Je fais tout pour que les forces internationales les plus influentes soient informées, et dans la mesure du possible impliquées, dans le sauvetage de nos héros », a déclaré M. Zelensky jeudi soir.

Dédale souterrain

Membres pour l’essentiel d’une unité de fusiliers marins et du régiment Azov fondé par des nationalistes ukrainiens, les combattants évacués étaient retranchés depuis plusieurs semaines dans le dédale de galeries souterraines creusées à l’époque soviétique sous la gigantesque aciérie, massivement bombardée par les Russes.

Dans une vidéo publiée jeudi, Sviatoslav Palamar, commandant adjoint du régiment Azov, a confirmé être toujours dans l’usine avec le reste du commandement, refusant de dévoiler les détails de l' »opération » en cours. Leur sort reste en suspens: l’Ukraine veut organiser un échange de prisonniers de guerre mais la Russie a fait savoir qu’elle considérait au moins une partie d’entre eux non pas comme des soldats, mais comme des combattants « néonazis ».

La guerre menace d’aggraver la crise alimentaire mondiale car elle perturbe gravement l’activité agricole et les exportations céréalières de l’Ukraine, pays qui était jusque-là le quatrième exportateur mondial de maïs et en passe de devenir le troisième exportateur de blé.

« Arrêtez de bloquer les ports de la mer Noire! Autorisez la libre circulation des navires, des trains et des camions transportant de la nourriture hors d’Ukraine », a lancé jeudi soir le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU.

Ce à quoi l’ambassadeur russe à l’ONU, Vassily Nebenzia, a rétorqué en dénonçant une volonté occidentale « de faire porter le chapeau à la Russie pour tous les problèmes du monde ».

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