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Ukraine : des kalachnikovs pour encadrer les élections séparatistes


Près de plusieurs bureaux de vote à Donetsk, des militaires cagoulés et armés de fusils d'assaut étaient postés. (photo AFP)

Surveillés par des militaires armés de kalachnikovs et récompensés par des tickets de loterie, les habitants des territoires séparatistes prorusses de l’Est de Ukraine votaient dimanche pour des élections locales dénoncées comme illégitimes par Kiev et les Occidentaux.

Ces scrutins visent à élire des « présidents » et des « députés » pour les deux « républiques populaires » autoproclamées par les rebelles à Donetsk (DNR) et à Lougansk (LNR), qui échappent depuis quatre ans au contrôle de Kiev. Ils ancrent la séparation des territoires rebelles du reste du pays et entendent légitimer leurs nouveaux dirigeants alors que le processus de paix est au point mort et que des heurts alourdissent régulièrement le bilan de ce conflit estimé par l’ONU à plus de 10 000 morts.

« Nous votons pour notre avenir », a déclaré après avoir déposé un bulletin dans l’urne à Donetsk, l’une des deux « capitales » séparatistes, Denis Pouchiline, chef par intérim de la DNR, selon l’agence de presse séparatiste DAN. Près de plusieurs bureaux de vote à Donetsk, des militaires cagoulés et armés de fusils d’assaut étaient postés. Les bureaux de votes sont ouverts de 5h à 17h. A 11h, la participation avait atteint 66% dans la « république » de Donetsk et 56% dans celle de Lougansk, selon leurs autorités respectives. La Commission électorale de Donetsk n’a pas indiqué le nombre d’électeurs dans sa « république ».

« Sous la pointe des mitraillettes russes »

L’organisation de ces scrutins a déclenché de vives protestations de Kiev et des Occidentaux, qui y voient la main de Moscou et les jugent contraires aux accords de paix de Minsk. « Elles sont organisées sous la pointe des mitraillettes russes dans un territoire occupé » par la Russie, a lancé samedi soir le président ukrainien Petro Porochenko, Kiev appelant à de nouvelles sanctions occidentales contre Moscou. Bruxelles a dénoncé samedi ces scrutins « illégaux et illégitimes », tandis que Washington les a qualifiées de « moquerie ».

La Russie et l’Ukraine sont à couteaux tirés depuis l’arrivée au pouvoir à Kiev en 2014 de pro-occidentaux dans la foulée du soulèvement du Maïdan, suivie de l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée et du conflit avec les séparatistes dans l’Est. Kiev et l’Occident accusent Moscou de soutenir militairement les séparatistes, ce que la Russie dément malgré de nombreuses preuves. Les accords de paix de Minsk signés en février 2015 ont permis de réduire considérablement les affrontements, mais des flambées de violences continuent d’éclater périodiquement le long de la ligne de front, où quatre soldats ukrainiens ont été tués samedi. Moscou assure que ces élections n’ont rien à voir avec le processus de Minsk et visent surtout à désigner des chefs pour ces territoires dirigés depuis des mois par des leaders par intérim, qui devraient voir leur autorité confortée avec le vote.

Pour attirer les électeurs pour ce scrutin, chaque personne ayant voté à Donetsk obtenait un « ticket » gratuit pour un tirage au sort dont chaque participant gagne un prix – un billet de théâtre ou de concert. Des étals installés devant les bureaux de vote pour l’occasion offraient aux électeurs des produits alimentaires à des prix plus bas que d’habitude.

LQ/AFP