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UE : l’unité des 27 à l’épreuve de dossiers explosifs


Invitée du sommet, Ursula von der Leyen, dont l'entrée en fonction devrait être reportée d'un mois au 1er décembre en raison des difficultés à former son équipe, a présenté vendredi son programme aux dirigeants. (photo AFP)

L’accord sur le Brexit bouclé, les Européens réunis vendredi à Bruxelles abordent des questions tout aussi épineuses qui mettent leur unité à l’épreuve : leur budget après le départ de Londres et l’élargissement de l’UE.

Ils ont échoué à s’entendre dans la nuit de jeudi à vendredi pour engager les négociations d’adhésion avec la Macédoine du Nord et l’Albanie, après six heures de difficiles discussions. Trois pays, dont la France qui veut réformer le processus d’adhésion, sont à l’origine du blocage de cet élargissement, pourtant réclamé par les dirigeants des trois institutions européennes – Commission, Parlement et Conseil européen. La future présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a rappelé vendredi les progrès « extraordinaires » réalisés par ces deux pays et « l’importance » que l’UE leur attache.

Invitée du sommet, Ursula von der Leyen, dont l’entrée en fonction devrait être reportée d’un mois au 1er décembre en raison des difficultés à former son équipe, a présenté vendredi son programme aux dirigeants. La lutte contre le changement climatique, également au programme des dirigeants vendredi, est l’une de ses grandes priorités. Les 27 attendent toutefois de voir comment Ursula von der Leyen va mettre en œuvre ses promesses de campagne : un « pacte vert européen » et une grande loi climatique dans les 100 jours de son arrivée, et surtout sa proposition d’un « Fonds de transition juste », pour aider les pays et régions en retard dans leur transition écologique. Ce fonds n’existe pas pour l’instant dans la proposition, préparée par la Commission sortante, de « cadre financier pluriannuel » (CFP), le budget pour la période 2021-2027.

Vendredi se tient le premier débat approfondi sur le budget, qui promet de vives discussions dans les semaines et mois à venir. La présidence finlandaise ne désespère pas d’obtenir une position commune entre Etats membres d’ici la fin de l’année, afin de commencer au plus vite à négocier avec le Parlement, mais les opinions restent pour l’instant assez éloignées.

Défi budgétaire

« Nous sommes encore loin les uns des autres. Il y aura beaucoup de travail à faire pour faire avancer le cadre budgétaire », a reconnu vendredi Ursula von der Leyen en arrivant au sommet à Bruxelles. Le défi du prochain budget pluriannuel ? Compenser le départ du Royaume-Uni, un contributeur net. Soit, selon la Commission, une perte pour le futur CFP de 12 milliards d’euros la première année, et 84 milliards d’euros sur 7 ans. Mais aussi mettre l’accent sur de nouvelles priorités, au risque de devoir procéder à des coupes sèches dans les politiques historiques de l’UE que sont la cohésion et l’agriculture.

La Commission propose notamment de fixer les contributions pour les pays à 1,114% (à 27) du revenu national brut (RNB), contre 1,03% actuellement (à 28). Cela fait déjà grincer des dents : chez les gros contributeurs, mais aussi chez les bénéficiaires qui craignent de voir les aides européennes se tarir. « Nous nous attendons à un gros clash », a estimé un haut responsable européen. « Il semblerait qu’il n’y a pas assez de soutien parmi les États membres pour arriver au niveau proposé par la Commission », a reconnu une source à la présidence finlandaise. Cette dernière a proposé comme base de discussion une fourchette située entre 1,03% et 1,08%, ce qui a déjà provoqué une réaction hostile des États membres lors d’une réunion cette semaine entre ministres des Affaires étrangères.

Ursula von der Leyen, dans la lignée de l’équipe sortante, insiste sur la « modernisation » du budget. « Parce que ce sont les thèmes de la lutte contre le changement climatique, du numérique, de l’innovation, de la recherche et du développement qui feront progresser l’Europe et qui doivent être le poids lourd » du futur budget, a-t-elle expliqué vendredi. Un argument qui n’impressionne pas forcément ceux qui plaident pour maintenir les politiques historiques à un haut niveau. « Nous contestons fortement qu’il faille opposer les politiques entre elles », que « certaines seraient modernes et d’autres anciennes », expliquait une source diplomatique avant le sommet. Et d’argumenter par exemple que la PAC « a plus que jamais besoin d’être moderne » pour relever le défi du changement climatique et de l’exigence de qualité dans les assiettes.

LQ/AFP