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Trump sort affaibli des élections de mi-mandat


"Beaucoup des candidats" soutenus par Donald Trump "ont réalisé des contre-performances et coûté à leur parti la chance de prendre un siège qui aurait pu être facilement remporté", analyse un expert. (photo AFP)

Les élections de mi-mandat devaient lui ouvrir un boulevard pour lancer sa candidature à la présidentielle de 2024. Au lieu de cela, la soirée électorale a été décevante pour Donald Trump, qui voit son principal rival républicain galvanisé par les résultats du scrutin.

L’ancien hôte de la Maison-Blanche, qui s’était personnellement impliqué durant toute la campagne, rêvait d’une victoire écrasante de ses poulains, avant sa « très grande annonce » promise la semaine prochaine, préfigurant selon toute vraisemblance d’une candidature présidentielle. Mais la « vague rouge » annoncée n’a pas déferlé sur le pays, bien que les républicains soient bien placés pour arracher la majorité à la Chambre des représentants – a priori d’une courte tête. Le contrôle du Sénat reste lui très incertain.

La victoire la plus éclatante de la nuit côté conservateur reste celle de Ron DeSantis, 44 ans, triomphalement réélu gouverneur de Floride. Il est le principal et le plus solide adversaire de Donald Trump dans la course à l’investiture républicaine pour la présidentielle de 2024. Sa large victoire face au démocrate Charlie Crist cimente son statut d’étoile montante et déjà, un éditorial publié par Fox New mercredi matin couronnait Ron DeSantis comme nouveau « chef du parti républicain ».

Malgré l’absence de résultats définitifs complets, le paysage politique dessiné mercredi matin ne ressemblait clairement pas à celui attendu. Alors que les élections de mi-mandat sont généralement favorables à l’opposition, « cela n’aurait pas dû être si difficile pour les républicains », a commenté Jon Rogowski, professeur de sciences politiques à l’Université de Chicago. D’autant plus dans un contexte de forte inflation, combiné à la cote de popularité anémique du président démocrate Joe Biden.

« Beaucoup des candidats » soutenus par Donald Trump « ont réalisé des contre-performances et coûté à leur parti la chance de prendre un siège qui aurait pu être facilement remporté », a souligné Ron Rogowski. « Dans le même temps, d’autres candidats républicains avec lesquels il s’est disputé publiquement ont facilement gagné leur siège. » Un exemple : Brian Kemp, ouvertement opposé à Donald Trump, a conservé son poste de gouverneur en Géorgie. L’ancien président n’a cessé de fustiger le rôle de Brian Kemp dans la certification du scrutin de 2020, et avait tenté de le déloger en soutenant un autre candidat lors des primaires.

« Qualité » des candidats 

Les résultats montrent que « vous pouvez être conservateur, avoir des principes, vous opposer à Trump et gagner », a déclaré Peter Loge, professeur à l’université George Washington. « C’est vraiment un point de bascule pour le parti républicain », a soutenu mercredi matin sur CNN Geoff Duncan, vice-gouverneur républicain de Géorgie, depuis longtemps ouvertement critique de l’ex-président. « Il est temps de passer à autre chose. »

Avant le scrutin, le chef de la minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, s’était inquiété de la « qualité » des candidats poussés sur le devant de la scène par Donald Trump.

L’ex-président pourrait ainsi avoir perdu son aura de « faiseur de roi ». Le chirurgien superstar Mehmet Oz, adoubé par Donald Trump, a notamment échoué à remporter le siège clé et très disputé de sénateur en Pennsylvanie. Dans le même État, l’ultraconservateur et candidat anti-avortement Doug Mastriano, qui était présent lors de l’assaut du Capitole, a été battu pour le poste de gouverneur.

Exception notable : dans l’Ohio, le poulain trumpiste J. D. Vance a remporté le poste de sénateur. Et plus d’une centaine de candidats républicains remettant en cause le résultat de la présidentielle de 2020 ont été élus mardi à divers postes locaux et nationaux, selon les projections des médias.

Chemin présidentiel 

Mercredi matin, l’ex-président était « livide » et « criait sur tout le monde », selon l’un de ses conseillers cité anonymement par le journaliste vedette de CNN Jim Acosta. Sur son réseau Truth social, il est resté silencieux toute la matinée.

Donald Trump, qui avait semblé hésiter à se déclarer candidat à la présidentielle dès la veille du scrutin, devrait malgré tout maintenir sa « grande annonce » depuis sa résidence en Floride, le 15 novembre. Aux candidats ayant échoué, il dira : « Si vous aviez fait ce que je disais, vous auriez fait mieux, c’est votre faute », a avancé Peter Loge.

Et si les républicains remportent effectivement la majorité à la Chambre, l’ex-président ne se gênera pas pour « s’en attribuer le crédit », a prédit Jon Rogowski.

Selon l’expert, avec une candidature à la présidentielle annoncée deux ans avant l’échéance, Donald Trump chercherait à couper l’herbe sous le pied de ses rivaux : « S’il sentait qu’il était dans une meilleure position, il n’aurait pas besoin de se déclarer si tôt. »

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