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Trump face à un second «impeachment», Washington se «bunkerise»


15 000 soldats en armes seront mobilisés pour la cérémonie d'investiture le 20 janvier. (photo AFP)

Accusé par les démocrates d’avoir « incité à l’insurrection », c’est un Donald Trump combatif, contestant toute responsabilité dans l’assaut contre le Capitole mené par ses partisans, qui affrontera mercredi une deuxième procédure historique d’ « impeachment ».

Une semaine après les violences du 6 janvier, qui ont fait cinq morts à Washington, un vote est prévu vers 15h locales sur son acte d’accusation à la Chambre des représentants. Soutenu par un grand nombre de démocrates, qui contrôlent la chambre basse, et avec l’appui notable d’une poignée de républicains, il devrait être facilement adopté.

Le 45e président américain devrait ainsi devenir mercredi le premier de l’Histoire à être deux fois mis en accusation au Congrès (« impeached ») dans une procédure de destitution. Le tempétueux président s’est néanmoins encore montré convaincu mardi que personne ne précipiterait sa sortie de la Maison Blanche avant la fin de son mandat, le 20 janvier. Depuis Alamo, au Texas, il a tenté d’adopter une posture moins agressive que la semaine dernière, évoquant le temps « de la paix et du calme ». Il a aussi essayé de réduire la procédure le visant à une manœuvre des démocrates, une nouvelle « chasse aux sorcières ».

Son vice-président Mike Pence a plus tard définitivement écarté l’autre menace qui pesait sur sa fin de mandat, en refusant d’invoquer le 25e amendement de la Constitution qui lui aurait permis de démettre le président sortant, en le déclarant inapte à exercer sa fonction.

Malgré cette fin de non-recevoir, la Chambre des représentants, à majorité démocrate, a approuvé une résolution, désormais symbolique, pour l’exhorter à invoquer cet amendement. Mais si cette dernière n’a été soutenue que par un républicain, l’acte d’ « impeachment » pourrait recevoir l’accolade d’un plus grand nombre de membres du « Grand Old Party ». Déjà cinq avaient annoncé leur soutien mardi soir. Parmi eux, Liz Cheney, l’une des chefs de la minorité républicaine à la Chambre et fille de l’ancien vice-président américain. « Rien de tout cela ne serait arrivé sans le président », a-t-elle estimé dans un communiqué au vitriol.

La puissante présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, a elle révélé les noms de son équipe de « procureurs », qui sera chargée de porter le dossier jusque devant le Sénat, à majorité républicaine, pour le procès en destitution.

Lors de son départ de Washington, mardi matin, Donald Trump a dénoncé cette procédure, la jugeant « totalement ridicule » et affirmant qu’elle suscitait « une immense colère » à travers les États-Unis. Et il a encore obstinément refusé de reconnaître la moindre responsabilité dans l’assaut contre le Capitole, jugeant que son discours avait été « tout à fait convenable ».

Seul contre presque tous

Malgré son assurance affichée et le soutien de certains élus très loyaux, Donald Trump est plus isolé que jamais après une série de démissions dans son gouvernement et des critiques cinglantes. YouTube a suspendu temporairement mardi soir sa chaîne et supprimé une vidéo en affirmant qu’elle enfreignait ses règles sur l’incitation à la violence. Twitter avait fermé définitivement son compte la semaine dernière.

Selon le New York Times, Mitch McConnell, président de la majorité républicaine au Sénat, a dit à ses proches qu’il voyait d’un bon œil la mise en accusation initiée par les démocrates, jugeant que cela aiderait le parti républicain à tourner définitivement la page Trump. Cet habile stratège, très influent, tient peut-être ainsi la clé de l’issue de cette procédure historique. Car une seule parole publique pourrait encourager des sénateurs républicains à condamner le 45e président des États-Unis.

Les démocrates prendront le contrôle de la chambre haute le 20 janvier mais auront besoin du ralliement de nombreux républicains pour atteindre la majorité des deux tiers nécessaire à la condamnation. Le procès risque d’autre part d’entraver l’action législative des démocrates au début de la présidence Biden, en monopolisant les séances au Sénat.

Joe Biden prêtera serment sous haute garde, sur les marches du Capitole, siège du Congrès américain. Critiqué pour avoir tardé, mercredi dernier, à envoyer la Garde nationale, le Pentagone a cette fois autorisé le déploiement de 15 000 soldats pour la cérémonie d’investiture. Mobilisés à l’origine pour offrir un soutien logistique à la police, ses membres ont commencé à porter des armes tard mardi. « Je n’ai pas peur » malgré les risques de nouvelles manifestations pro-Trump, avait déclaré Joe Biden lundi. Selon des médias américains, un document interne de la police fédérale (FBI) prévient que des supporters armés du président républicain pourraient participer à des manifestations dans les 50 États américains entre ce week-end et le 20 janvier. La maire de Washington, Muriel Bowser, a quant à elle annoncé avoir requis auprès du ministère de la Sécurité intérieure l’extension de la période de sécurité spéciale liée à l’investiture. Elle a aussi dit avoir demandé que l’état d’urgence soit déclaré en amont dans la capitale fédérale afin d’obtenir des fonds supplémentaires pour la sécurité, ce que Donald Trump a entériné lundi soir.

Muriel Bowser a également exhorté les Américains à ne pas se rendre à Washington pour la cérémonie de prestation de serment – dont l’accès est de toute façon limité pour cause de pandémie – et à y « participer de façon virtuelle » en la suivant en ligne ou à la télévision.

LQ/AFP

 

 

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