Donald Trump veut être intronisé mardi comme le champion incontesté des républicains lors de la grande journée du « Super Tuesday » et enterrer définitivement sa rivale Nikki Haley, avec dans le viseur son match retour face à Joe Biden.
Des millions d’Américains sont appelés aux urnes pour désigner leurs prétendants démocrate et républicain à l’élection de novembre. Du Maine à la Californie, du Texas à la Virginie, de l’Alaska à l’Alabama, 15 Etats et un territoire organisent simultanément leurs primaires pour la présidentielle de novembre.
Mais cette grande journée électorale a une saveur un peu différente cette année, tant elle paraît dénuée de tout suspense.
Côté républicain, seuls deux candidats sont encore en lice et Donald Trump est l’archi favori, renforcé par l’annulation lundi par la Cour suprême d’un jugement du Colorado le déclarant inéligible pour ses actes lors de l’assaut du Capitole en 2021.
Côté démocrate, Joe Biden, 81 ans, est candidat à sa réélection et ne fait face à aucune opposition sérieuse.
Sourde oreille
En dépit de ses ennuis judiciaires, Donald Trump, 77 ans, a gagné quasiment toutes les primaires organisées par son parti et, ce faisant, évincé une grande partie de la concurrence.
« Je pense que Trump gagnera de toute manière à l’échelle nationale », a estimé mardi Richard Peterson, 72 ans, à Quincy, dans le Massachusetts, avant de voter en faveur du tribun républicain.
Nikki Haley, 52 ans, est la seule à encore lui barrer la route.
L’ancienne gouverneure de Caroline du Sud, qui incarne une aile plus traditionnelle du Parti républicain, promet de rétablir la « normalité » face au « chaos de Trump ».
« Je ne peux plus en conscience revoter » pour le magnat de l’immobilier, dit Sarah, 64 ans, expliquant avoir choisi Donald Trump par le passé. L’ancienne ambassadrice à l’ONU « est la bonne personne pour nous unir ».
Mais nombre de républicains ne partagent pas son avis.
Selon les sondages, Donald Trump est censé rafler chacun des prochains Etats en jeu, s’appuyant, comme toujours, sur une base de fidèles extrêmement solide.
Son conseiller Jason Miller a assuré de s’attendre à « des victoires, beaucoup de victoires », mardi soir.
Haley s’accrochera-t-elle ?
Hormis une victoire symbolique dimanche soir dans la capitale Washington, Nikki Haley a quant à elle enchaîné les défaites cuisantes, y compris dans l’Etat dont elle a été gouverneure.
Restera-t-elle dans la course si les mauvaises nouvelles continuent de tomber ?
Pressée sur la question, la principale intéressée reste vague.
« Nous allons continuer jusqu’au Super Tuesday », a-t-elle déclaré à des journalistes fin février. « C’est aussi loin que j’ai réfléchi en matière de stratégie. »
Biden face aux Américains jeudi
Les primaires peuvent en théorie s’étirer jusqu’en juillet. Mais l’équipe de Donald Trump prévoit une victoire « le 19 mars » au plus tard, après des scrutins notamment en Géorgie et en Floride.
Le milliardaire veut pouvoir se concentrer dès que possible sur son match retour avec le président démocrate Joe Biden, avant d’être aspiré par ses ennuis judiciaires.
Son premier procès pénal débute le 25 mars, à New York.
Donald Trump assure être « bien plus populaire » depuis qu’il a été inculpé, mais des sondages montrent que le soutien à sa candidature s’effriterait considérablement s’il était condamné dans l’une de ses affaires pénales.
Il assure être innocent et victime d’une « chasse aux sorcières ».
Joe Biden est quant à lui sur un boulevard pour être candidat à sa réélection.
Il est attaqué par ses critiques sur son âge mais Charles Reid Sales, 93 ans, n’en a cure. « Je ne m’attendais pas à voter aujourd’hui mais je l’ai fait », a-t-il lancé à Huston (Texas). « Biden? Il ne sera jamais trop vieux! ».
Les candidatures de deux démocrates lancés à sa poursuite, l’élu du Minnesota Dean Phillips et l’autrice à succès Marianne Williamson, n’ont jamais vraiment suscité d’enthousiasme, malgré les critiques récurrentes sur l’âge du président, ou son soutien à Israël.
Les élections de mardi relèvent tout au plus de la formalité pour Joe Biden.
Le dirigeant défendra toutefois son bilan et déroulera sa vision pour l’Amérique lors d’un grand discours de politique générale au Congrès, le traditionnel « State of the Union », jeudi.
A la peine dans les sondages, le président sortant « doit utiliser cette dernière occasion de s’adresser à des millions d’Américains pour présenter le contraste entre sa vision et ce que sera la vie sous Donald Trump », affirme la politologue Wendy Schiller.