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Transfert de l’ambassade américaine : au moins 43 Palestiniens tués à Gaza


Les manifestations du lundi matin sont réprimés sans concession par Israël : 37 morts, au bilan de l'après-midi (Photo : AFP).

Des violents affrontements entre manifestants palestiniens et soldats israéliens ont fait lundi au moins 43 morts et 2 200 blessés dans la bande de Gaza, dont la moitié par des tirs à balles réelles, où les Palestiniens protestent contre l’inauguration à Jérusalem de l’ambassade américaine en Israël.

Cette journée de festivités côté israélien et américain est aussi la plus meurtrière du conflit israélo-palestinien depuis la guerre de 2014 dans la bande de Gaza. Le gouvernement palestinien établi en Cisjordanie occupée a accusé Israël de commettre un « horrible massacre » à Gaza. Au moment où le bilan s’alourdissait d’heure en heure, le président américain Donald Trump saluait le transfert à Jérusalem de l’ambassade des États-Unis comme « un grand jour pour Israël ».

Des dizaines de milliers de Palestiniens sont rassemblés à quelque distance de la frontière. Certains groupes se sont détachés pour lancer des projectiles de fortune en direction des soldats et tenter de forcer, au péril de leur vie, la barrière frontalière lourdement gardée par les tireurs israéliens.

Distribution de tracts

L’armée israélienne avait largué auparavant des tracts mettant en garde les Gazaouis: « Vous prenez part à des rassemblements violents au risque de votre vie (…) Ne laissez pas le Hamas, de la manière la plus cynique, se servir de vous comme ses jouets ». Le ministre de la Défense Avigdor Lieberman a prévenu que l’armée emploierait « tous les moyens » pour défendre la frontière, les soldats et les civils israéliens riverains de l’enclave palestinienne. Bilal Fasayfes, 31 ans, a pris avec son épouse et ses deux enfants un des bus affrétés à Khan Younès (sud de Gaza) pour emmener les Gazaouis à la frontière. « On se fiche que la moitié des gens se fassent tuer, on continuera à y aller (à la frontière) pour que l’autre moitié vive dignement », dit-il.

Outre l’opposition au transfert de l’ambassade, les Palestiniens protestent aussi contre le blocus de Gaza et l’occupation. L’armée israélienne a dénié le caractère pacifiste de la mobilisation la qualifiant « d’opération terroriste » conduite par le Hamas, qui gouverne l’enclave palestinienne et auquel il a livré trois guerres.

L’armée israélienne redoute un enfoncement de la barrière frontalière. Elle a déclaré la périphérie de Gaza zone militaire close. Elle a pratiquement doublé ses effectifs combattants autour de l’enclave et en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël où sont annoncés des rassemblements. Des milliers de policiers israéliens sont aussi mobilisés dans tout Jérusalem, pavoisé de drapeaux américains et israéliens et d’affiches louant Donald Trump comme un « ami de Sion ».

Rupture diplomatique

Un millier de policiers doivent être déployés autour de l’ambassade et ses alentours dans le quartier périphérique et verdoyant d’Arnona. Réalisant un engagement de campagne de Donald Trump, le transfert de l’ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem constitue une rupture de plus avec des décennies de diplomatie américaine et de consensus international. Le statut de Jérusalem est l’une des questions les plus épineuses de l’insoluble conflit israélo-palestinien.

La décision américaine comble les Israéliens comme la reconnaissance d’une réalité de 3 000 ans pour le peuple juif. Elle coïncide avec le 70e anniversaire de la création de l’État d’Israël, en pleine effusion nationale et ferveur pro-américaine. Mais l’initiative unilatérale américaine ulcère les Palestiniens pour lesquels elle représente le summum du parti pris outrancièrement pro-israélien affiché par Donald Trump.

Gaza est depuis le 30 mars le théâtre d’une « marche du retour » qui voit des milliers de Palestiniens se rassembler le long de la frontière et qui met l’armée israélienne sur les dents. Depuis cette date, plus de 80 Palestiniens ont été tués par l’armée israélienne. L’armée israélienne, en butte aux accusations d’usage excessif de la force, affirme ne tirer à balles réelles qu’en dernier recours.

Le Quotidien/AFP

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