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Syrie : pillage archéologique à l’échelle « industrielle »


Un trafic d'objets d'art qui sert à financer le jihadisme, dénonce l'Unesco. (Photo AFP)

Le groupe État islamique se livre en Syrie à un pillage archéologique à l’échelle « industrielle », s’est alarmée mercredi la directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova, soulignant la nécessité de lutter contre le trafic d’objets d’art qui sert à financer le jihadisme.

Des images satellites et l’afflux d’objets antiques observé sur les marchés clandestins témoignent d’un « pillage à l’échelle industrielle » en Syrie, via des « milliers de fouilles archéologiques illégales », a déclaré Irina Bokova lors d’une conférence sur le sujet à Sofia. « Limiter le trafic d’objets d’art est en ce moment la priorité numéro un », d’autant qu’il « sert au financement des extrémistes », a souligné la directrice générale de l’Unesco, qui a appelé les pays membres de l’Union européenne, en particulier, à « consolider leur législation pour arrêter ce trafic ».

Parallèlement aux destructions à caractère idéologique de sites antiques, l’organisation Etat islamique se livre à un important trafic marchand d’objets anciens, excavés de façon sauvage dans ce pays au très riche patrimoine antique, et qui le finance au même titre que les trafics d’armes, de pétrole ou d’êtres humains.

Plus de 900 monuments abîmés ou détruits

« De nombreuses images prises par satellite (…) montrent des sites archéologiques en Syrie parsemés de milliers de fouilles archéologiques illégales, littéralement des trous, qui témoignent d’un pillage à l’échelle industrielle », a témoigné Irina Bokova. Outre les importants revenus générés, cette activité « fait partie d’une stratégie de purge culturelle, pour détruire le passé, le présent et l’avenir de cette région connue comme un berceau de la civilisation humaine », a-t-elle souligné.

L’Association pour la protection de l’archéologie syrienne (Apsa), basée en France, a dénombré récemment « plus de 900 monuments, sites archéologiques touchés, abîmés ou détruits » par la guerre en Syrie.

En terme de lutte contre les trafics, l’Unesco appelle à une accélération du processus de signature et de ratification de sa convention de 1970 sur la protection des patrimoines culturels, et à laquelle seuls 128 États ont souscrit. Irina Bokova a reconnu que si les pays européens et les États-Unis étaient parmi les plus susceptibles de réagir efficacement au commerce d’objets pillés en Syrie, ce trafic s’établissait à « l’échelle mondiale ».

« Beaucoup d’objets d’art venant de Syrie et d’Irak demeurent dans la région ou vont sur les marchés asiatiques, en pleine montée en puissance, notamment en Chine ou au Japon », a confirmé un responsable de la Direction bulgare de lutte contre la criminalité organisée, Andrey Mladenov.

AFP

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