La Syrie connaissait lundi une journée cruciale car la trêve arrive à échéance dans la soirée : la Russie, qui l’a initiée avec les États-Unis, a douché les espoirs d’une éventuelle prolongation.
Une semaine après son entrée en vigueur, le ton devient de plus en plus aigre entre les parties prenantes de l’accord, sans compter que le président syrien Bachar al-Assad a accusé les États-Unis d’avoir commis une « agression flagrante » en menant samedi un raid contre son armée à Deir Ezzor, dans l’est du pays.
Dans cette atmosphère délétère, les tirs ont repris à Alep et des combats ont lieu à la périphérie de Damas. Quant à l’acheminement de l’aide humanitaire vers les villes assiégées, il se fait au compte-goutte et rien n’était prévu lundi pour approvisionner les quartiers rebelles d’Alep, pourtant une priorité absolue selon l’accord de cessez-le-feu.
La trêve se termine en principe lundi à 16h GMT (19h). Mais à l’approche de l’échéance, la Russie menait la charge contre les États-Unis et ses alliés sur le terrain. Le général Sergueï Roudskoï a ainsi estimé que « compte tenu du fait que les rebelles ne respectent pas le régime de cessez-le-feu, son respect unilatéral par les forces gouvernementales syriennes n’a pas de sens ». Moscou a répertorié « 302 » violations de la trêve par les rebelles. Le haut responsable de l’état-major russe a accusé « les États-Unis et les rebelles qu’elles contrôlent, la soi-disant opposition modérée, de n’avoir respecté aucun des engagements prévus par l’accord de Genève » du 9 septembre conclu entre Moscou et Washington. « Plus important, l’opposition modérée n’a pas pris ses distances avec le Front al-Nosra », a ajouté le général russe. « Au contraire, la partie russe observe une alliance et une préparation en cours pour une offensive conjointe ». Le Front al-Nosra, qui a changé son nom en Front Fateh al-Cham depuis sa rupture officielle avec Al-Qaïda, est allié aux groupes rebelles au sein de l’Armée de la Conquête.
Daech profite de la situation
Le secrétaire d’État américain John Kerry s’est, lui, montré plus optimiste. Le cessez-le-feu « a bien tenu la nuit dernière et les camions d’aide pourraient atteindre huit localités ou plus », a-t-il noté. La trêve a toutefois été fragilisée ce week-end par les frappes de la coalition conduite par les États-Unis contre des positions de l’armée syrienne dans la région de Deir Ezzor, qui ont fait au moins 90 morts. La coalition a affirmé avoir bombardé l’armée syrienne par erreur, ce que ne croit pas Damas qui y voit un raid « délibéré ». A la faveur de ces frappes, les jihadistes de Daech ont réussi à s’emparer du mont Thourda, qui domine l’aéroport de Deir Ezzor tenu par le régime. Avec cette position, les jihadistes peuvent empêcher les mouvements des avions et des hélicoptères.
Sur d’autres fronts, les accrochages se multiplient. Dans le secteur rebelle d’Alep, un enfant a été tué par des tirs dans le quartier de Layaramon et 6 personnes ont été blessées à Boustane al-Qasr. Des combats ont également eu lieu au sud d’Alep entre forces du régime et insurgés, ainsi qu’à Jobar, un quartier périphérique de l’est de Damas. Au total en une semaine de trêve, 27 civils, dont 9 enfants, ont perdu la vie.
Quant à l’acheminement de l’aide humanitaire aux villes assiégées, on est très loin des objectifs fixés il y a une semaine. « Nous sommes bien sûr frustrés par le fait qu’il n’y a aucun progrès concernant Alep », a reconnu David Swanson, un porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU.
Le Quotidien/AFP