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Syrie : dix civils tués dans des raids, le régime progresse à Idleb


Cet enfant syrien, blessé ce jeudi lors d'une frappe aérienne, reçoit des soins dans un hôpital de fortune de la ville d'Ariha. (Photo : AFP)

Dix civils ont été tués jeudi dans des frappes aériennes nocturnes à proximité d’une clinique dans le nord-ouest de la Syrie, où les forces du régime progressent en vue de reprendre le dernier grand bastion du pays dominé par des jihadistes.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), ces raids ont été menés par l’aviation russe. Mais Moscou, allié du régime de Bachar al-Assad, a nié avoir effectué ces frappes, qui ont visé la localité d’Ariha, dans la province d’Idleb, le ministère de la Défense affirmant que «l’aviation russe n’avait mené aucune mission de combat dans cette région de la Syrie». Les murs de la clinique Al-Chami, à Ariha, ont été endommagés par les frappes et l’établissement est désormais hors service, ont rapporté des correspondants de l’AFP. Toufic Saado, un ambulancier, se trouvait à l’intérieur du bâtiment lorsque trois frappes ont touché le secteur. «Des blessés gisent devant l’établissement», a-t-il témoigné. Un médecin, recouvert de poussière, est sorti en criant de la clinique. Dans le même secteur, trois immeubles se sont effondrés.

Un correspondant de l’AFP a entendu des gémissements de femmes et d’enfants alors que les secouristes cherchaient des corps ensevelis sous les décombres. Selon l’OSDH, dix civils ont été tués dont au moins cinq femmes. Ce nouveau bilan porte à 21 le nombre de civils tués dans les bombardements aériens russes sur la région d’Idleb en 24 heures, d’après cette ONG. Les forces gouvernementales ont reconquis mercredi la ville stratégique de Maaret al-Noomane, la deuxième plus grande de la province d’Idleb, et progressaient pour récupérer la région, dominée par les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS), l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda.

Leur prochain objectif est la localité de Saraqeb, d’importance stratégique car située à la jonction de deux grands axes routiers. Cette région, composée d’une grande partie de la province d’Idleb et de secteurs attenants des provinces d’Alep, Hama et Lattaquié, abrite aussi d’autres groupuscules jihadistes et diverses factions affaiblies de l’opposition armée. Les forces du régime avancent actuellement au nord de Maaret al-Noomane vers Saraqeb, presque entièrement désertée à la suite de violents bombardements.

20 000 personnes ont fui leur foyer ces deux derniers jours

Ariha se trouve entre Maaret al-Noomane et Saraqeb. Saraqeb est située sur l’autoroute M5, un axe important qui relie Damas à Alep, deuxième ville de Syrie et ancien poumon économique du pays. La localité se trouve aussi à la jonction entre la M5 et une autre autoroute clé, la M4, reliant Alep à la ville côtière de Lattaquié. Le régime veut récupérer ces deux grandes routes commerciales. Les combats avec les groupes jihadistes et rebelles de la région ont lieu à seulement deux kilomètres de Saraqeb, a indiqué jeudi l’OSDH, précisant que quelque 50 kilomètres de la M5 sont toujours hors de portée du régime. Après des mois de bombardements et de combats, les forces du régime contrôlent désormais plus de 40 % de la province d’Idleb. Après avoir enchaîné les victoires contre les insurgés avec le soutien de l’aviation russe ces dernières années, le régime syrien contrôle désormais plus de 70 % du territoire national.

Depuis décembre, plus de 388 000 personnes ont fui leur foyer dans la région d’Idleb, selon l’ONU, dont 20 000 durant les deux derniers jours. La province d’Idleb avait déjà été le théâtre d’une offensive d’envergure entre avril et août 2019 ayant tué près d’un millier de civils, selon l’OSDH, et déplacé plus de 400 000 personnes, d’après l’ONU. Les combats «doivent cesser», a lancé mercredi devant le Conseil de sécurité de l’ONU le secrétaire général adjoint pour les Affaires humanitaires, Mark Lowcock, mettant en garde contre l’aggravation d’une «catastrophe humanitaire». Le conflit en Syrie, déclenché en mars 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, a fait plus de 380 000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.

LQ/AFP