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Sous les critiques, l’Allemagne valide sa sortie tardive du charbon


"Il n'est pas justifiable que les centrales allemandes à charbon continuent de réchauffer la terre pendant encore 18 ans", s'insurgent les défenseurs du climat. (photo AFP)

Le projet de loi allemand sur la sortie du charbon au plus tard en 2038 a été adopté mercredi en conseil des ministres malgré la critique d’organisations environnementales qui trouvent que cela ne va pas assez vite.

Présenté mi-janvier après des mois de négociations sous la pression croissante des défenseurs du climat, ce « Kohleverstromungsbeendigungsgesetz » de 202 pages prévoit notamment le calendrier et des indemnités pour l’arrêt progressif des centrales à charbon. L’Allemagne vise un abandon du charbon au plus tard en 2038 et pourrait « avancer de trois ans » cette échéance, à 2035, en fonction des bilans d’étape menés en 2026 et 2029.

Mais les défenseurs du climat, dont la branche allemande du mouvement Fridays for Future et l’organisation Greenpeace, pressent le gouvernement d’accélérer des efforts. Des manifestants se sont rassemblés devant la chancellerie, dont certains étaient vêtus de masques représentant Angela Merkel et le ministre de l’Économie Peter Altmaier. « Votre charbon menace notre avenir » et « le charbon tue la protection du climat » pouvait-on lire sur des pancartes. D’autres demandaient « d’arrêter Datteln 4 », une nouvelle centrale au charbon dans le bassin rhénan dont la mise en service est prévue cet été.

Le « mépris » des politiques

« Nous sommes en plein dans une crise climatique et il n’est pas justifiable que les centrales allemandes à charbon continuent de réchauffer la terre pendant encore 18 ans », a déclaré Lisa Göldner, de Greenpeace. « Le projet de loi méprise les centaines de milliers de voix des jeunes et adolescents », a déploré Quang Paasch, de Fridays for Future.

« Je sais que certains éléments de cette loi sont discutés et critiqués, mais le gouvernement lance une évolution importante et fondamentale de notre approvisionnement en énergie et il s’agit d’un pas important pour la réduction des émissions de CO2 », a réagi le porte-parole d’Angela Merkel, Steffen Seibert, lors d’une conférence de presse régulière. La fermeture des centrales à lignite, charbon brun particulièrement polluant, débutera le 31 décembre 2020 avec un complexe opéré par le groupe RWE à proximité de la mine de Garzweiler, dans l’ouest du pays.

Berlin a promis 4,35 milliards d’euros d’indemnités, réparties « sur une quinzaine d’années suivant les fermetures » parmi les exploitants de centrales à charbon. Les employés concernés recevront également un soutien tandis qu’une aide financière totale de 40 milliards d’euros sera accordée aux régions minières jusqu’en 2038, conformément à un projet de loi adopté en mai 2019. « Le développement supplémentaire des énergies renouvelables pour atteindre 65% de la consommation brute en 2030 sera mis en place par la suite » à travers une loi distincte, a précisé le gouvernement.

LQ/AFP