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Sierra Leone : attaque contre une armurerie et heurts à Freetown, couvre-feu national


Freetown, ici en juin. (photo AFP)

Des affrontements armés ont secoué la capitale sierra-léonaise Freetown ce dimanche matin après une tentative avortée de forcer une armurerie militaire, selon le gouvernement, qui a instauré un couvre-feu national.

Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux suggèrent que de nombreux détenus se sont échappés de la prison centrale, dans des circonstances encore non établies. Un homme faisant partie d’un groupe filmé dans la rue par un correspondant de l’AFP a indiqué que lui et les autres étaient bien des détenus évadés.

La situation était confuse en milieu de journée, les autorités gardant le silence après avoir assuré contrôler la situation en début de matinée. La nature des évènements reste inconnue.

Les autorités se sont contentées d’évoquer l’attaque contre l’armurerie. La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a parlé dans un communiqué de tentative de faire main basse sur des armes, mais aussi de « troubler la paix et l’ordre constitutionnel », langage communément employé pour les coups de force politiques.

L’Afrique de l’Ouest a été le théâtre depuis août 2020 d’une série de coups d’État militaires et de tentatives de coups de force, notamment au Mali, au Burkina Faso, au Niger et en Guinée, voisine de la Sierra Leone.

Des témoins ont rapporté à un correspondant de l’AFP des coups de feu et des détonations dans le quartier de Wilberforce, où l’armurerie aurait été attaquée. D’autres ont aussi fait état d’échanges de tirs près de la caserne de Morray Town, où se trouve la Marine, et devant une autre implantation militaire dans la capitale.

« J’ai été réveillée vers 04H30 (locales et GMT) par un fort bruit de mitrailleuse et de bombes venant du côté de la caserne de Wilberforce », a dit Susan Kargbo, une témoin jointe par téléphone. « J’étais sous le choc, en panique (…) C’était comme en temps de guerre. Je n’ai pas pu aller à l’église à cause du couvre-feu », a-t-elle dit.

Des vidéos aériennes tournées par l’AFP montrent des rues vides de toute présence et de tout trafic.

« Nous assurons au grand public que le gouvernement et nos forces de sécurité contrôlent la situation », a dit le ministère de l’Information dans un communiqué. « Un couvre-feu national est instauré avec effet immédiat à travers tout le pays pour permettre aux forces de sécurité de continuer à rechercher les suspects », a-t-il dit.

Il n’a fourni aucune précision sur les auteurs présumés de l’attaque ou leurs motivations. La Sierra Leone, pays anglophone, a traversé une crise politique à la suite d’élections présidentielle et générales contestées en juin 2023.

« Aux premières heures dimanche (…) des individus non identifiés ont tenté de forcer l’armurerie militaire de la caserne de Wilberforce. Ils ont tous été repoussés », a dit le ministère.

Wilberforce est l’une des principales casernes du pays. Le quartier abrite aussi des ambassades.

« Nous conseillons vivement à nos concitoyens de rester chez eux », a-t-il dit.

« Tolérance zéro » 

Le président Julius Maada Bio a assuré que l’attaque avait été contrecarrée. « Le calme est rétabli », a-t-il dit sur X (ex-Twitter).

« Nous restons déterminés à protéger la démocratie en Sierra Leone et je presse tous les Sierra-Léonais de s’unir autour de cette responsabilité collective », a-t-il dit.

« Nous condamnons dans les termes les plus vigoureux la tentative de saisie forcée pendant la nuit de la caserne et de l’armurerie Wilberforce », a dit l’ambassade des États-Unis dans un message sur les réseaux sociaux.

« Les États-Unis continuent de soutenir tous ceux qui oeuvrent pour une Sierra Leone pacifique, démocratique, saine et prospère », a-t-elle dit.

La Cedeao a exprimé son soutien au gouvernement en place, et appelé à l’arrestation des responsables des évènements. « La Cedeao réitère son principe de tolérance zéro pour les changements anticonstitutionnels de gouvernement », a-t-elle dit.

Julius Maada, élu une première fois en 2018, a été réélu en juin dès le premier tour, avec 56,17 % des voix selon les résultats publié par la commission électorale.

Les observateurs étrangers ont cependant dénoncé des incohérences et un manque de transparence dans le décompte, ainsi que des actes de violence et d’intimidation.

Le principal parti d’opposition, le Parti du Congrès de tout le peuple (APC), a jugé les élections présidentielle, mais aussi législatives et locales, truquées, et a décidé de boycotter le Parlement et les conseils locaux.

Le gouvernement et l’APC ont finalement conclu en octobre un accord. L’APC a accepté de mettre fin à son boycott en échange de la fin des détentions et des affaires judiciaires motivées selon lui par des considérations politiques.